« A new horizon for pan-european payments and digital euro ». Tel est le thème du séminaire Web organisé le 22 octobre 2020 au matin par la Banque Centrale Européenne (BCE). Organisé en visioconférence, cet événement a permis de réunir une série d’experts des paiements du marché européen pour rappeler les fondamentaux de l’évolution de l’écosystème et partager des éléments sur la feuille de route stratégique des institutions européennes dans le contexte post-Covid.
Dans le contexte post-Covid, l’écosystème européen des paiements a un rôle central à jouer. Tel a été le ton du séminaire « A new horizon for pan-european payments and digital euro », organisé par la Banque Centrale Européenne (BCE) le 22 octobre 2020. A cette occasion, le régulateur a rappelé les fondamentaux de l’Europe des paiements :
- Assurer l’accès à des moyens de paiement efficients
- Favoriser la diversité des moyens de paiement
- Garantir la sécurité des transactions et la stabilité financière
A cet effet, les régulateurs apparaissent comme des acteurs clés dans l’accompagnement de l’évolution du marché, notamment car digitalisation doit rimer avec inclusion. En effet, rappelons que « l’illectronisme » (ou exclusion numérique) constitue encore aujourd’hui une réalité au sein de l’écosystème européen et peut concerner différentes typologies de clients, des jeunes non diplômés aux seniors peu appétents au digital, en passant par les personnes habitant en zone rurale.
Inclusion numérique et contexte post-Covid
Autre réalité à prendre en compte, le contexte post-Covid, qui a inévitablement accéléré le déclin des paiements en espèces. « A nous d’assurer la poursuite de ce mouvement tout en continuant à assurer l’accès à ce moyen de paiement », assure ainsi la BCE. Et de fait, rappelons qu’Outre-Manche, le Financial Conduct Authority (FCA) a rappelé récemment que l’accès aux espèces constitue un droit citoyen. Preuve que ce moyen de paiement suscite encore de nombreux débats au sein de l’écosystème et constitue une mission emblématique pour des régulateurs engagés dans la digitalisation de l’économie mais néanmoins conscients des réalités sociétales et économiques des différents pays. « Les paiements doivent soutenir le marché commun », rappelle ainsi la BCE, ajoutant que parmi les autres engagements figurent une attention particulière sur le risque de concentration et la garantie de la concurrence au sein du marché. Renforcer la place de l’Europe au sein d’un écosystème globalisé en réduisant sa dépendance à l’égard des solutions émanant d’autres régions représente également un enjeu inexorable, non seulement en termes géostratégiques mais également sécuritaires si nous prenons en considération les enjeux de la data et les questions relatives à la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.
Accélération du déploiement de l’instant payment, EPI et travaux sur le digital euro
Partant de constat, l’Eurosystème a mis en place une stratégie en matière de paiement en lien avec ce contexte évolutif. Celle-ci inclut l’accélération du déploiement de l’instant payment en Europe et le renforcement de la place de Target Instant Payment Settlement (TIPS) au sein de l’écosystème. Et de fait, rappelons que TIPS, créé par la BCE pour garantir la « reachability » paneuropéenne dans le cadre de l’instant payment, avait été adopté par une poignée de pays lors de son lancement en 2018. La solution a depuis fait son chemin et a par exemple été adoptée la semaine dernière par la totalité des banques portugaises, assurant ainsi un instant payment totalement paneuropéen dans ce pays. Nul doute que sur le sujet de l’instant payment, le request-to-pay aura également un rôle à jouer, comme le rappelle l’European Payments Council (EPC), présent à ce séminaire. Plus prospectif mais néanmoins intéressant, le digital euro répondra également à ces enjeux d’autonomie européenne dans le domaine des paiements. De plus, il permettra d’assurer, selon la BCE, la promotion de la digitalisation et de la modernisation de l’économie européenne, en ouvrant la voie à la construction de nouveaux business models, services etc. Les acteurs industriels, à l’image de Worldline, représenté par son directeur général Gilles Grapinet, rappellent ainsi que si l’Europe n’a pas réussi à créer des géants du secteur susceptibles d’assurer son indépendance et est encore caractérisée par une fragmentation des usages – voire des visions stratégiques – elle a déjà fait preuve de créativité dans le domaine des paiements avec par exemple la carte à puce, ou encore la norme EMV. Toute la question est de savoir comme cette volonté institutionnelle et politique se matérialisera en une réalité opérationnelle. Sur ce point, la BCE rappelle que l’European Payment Initiative (EPI) s’avère « prometteuse » et permettra de catalyser toutes les initiatives en matière de paiement au sein de l’écosystème européen.
Pôle Études | Partelya Consulting
Par Andréa TOUCINHO, Directrice Études, Prospective et Formations,