Interview de Rodrigo Garcia de la Cruz, Président de l’association AEFI

Les fintechs européennes doivent être unies

Sandbox, innovation financière, place des femmes dans la fintech. Tels sont trois des principaux objectifs de l’association fintech espagnole Aefi en 2019. Rodrigo Garcia de la Cruz, Président de l’association espagnole fintech et insurtech (Aefi), s’exprime sur l’ambition de l’organisation en 2019.

Comment est née l’association Aefi ?

L’association Aefi est née en février 2016 dans le cadre d’une rencontre privée réunissant, en Espagne, investisseurs et fintechs. L’objet de cette réunion, et la genèse de l’organisation qui en découle, portait sur le besoin de créer une voix unique susceptible de représenter la totalité du secteur de la fintech dans le pays. Cinq objectifs ont été définis. D’une part, la représentation des fintechs et insurtechs espagnoles, et la communication avec les institutions. D’autre part, la participation aux réflexions et travaux sur la régulation de la fintech. La création de formations sur l’innovation et la transformation digitale et la conclusion d’alliances avec d’autres organisations, à l’image de l’association fintech latino-américaine font également partie de notre mission. N’oublions pas également la protection des clients, consommateurs, nécessaire à la pérennité de notre secteur.

Comment évolue la collaboration entre entités financières et fintech en Espagne ?

Le processus de collaboration entre les deux mondes que vous citez se définit en deux mots : apprentissage mutuel. Chaque typologie d’acteurs a appris à se connaître, au bénéfice de la richesse et de la diversité du marché financier espagnol. Nuançons que malgré cette réalité, il subsiste encore, dans le pays, un certain manque en termes de communication, situation en partie palliée grâce à la création, en 2018, d’un espace de travail collaboratif. De quoi installer un trend positif entre les deux parties.

Quid de la régulation de la fintech en Espagne ? Quel type de relations nourrissez-vous avec le gouvernement espagnol et les autorités locales ?

Notre objectif est d’installer une communication rapide et efficace avec les superviseurs et régulateurs. A cet effet, 200 réunions sont organisées chaque année avec ces acteurs, avec lesquels nous partageons l’ambition de travailler sur les innovations de notre marché. Cela s’ajoute à la réalisation de livres blancs propices au partage de connaissance ainsi qu’à des travaux intensifs en termes de représentation des acteurs de la fintech dans l’écosystème. En 2018, trois livres blancs ont été publiés : crowdfunding, bonnes pratiques et sandbox.

Quid de votre stratégie à l’international ?

L’axe international fait partie de l’ADN de l’Aefi. A titre d’exemple figurent les 30 accords établis au niveau international, comme avec l’association latino-américaine, que je vous citais précédemment. En tant qu’association espagnole, l’Aefi est convaincue que les fintechs européennes doivent être unies, ce qui faciliterait sans conteste les relations avec la Commission européenne. Sans masse critique, il sera en outre difficile d’obtenir des ressources et de travailler à l’internationalisation des offres, notamment face à des acteurs émanant d’Asie ou d’Inde. Le numérique se veut, au sein de la société et dans le monde financier, complètement transfrontières.

Quels sont les projets de l’Aefi à l’échelle nationale en 2019 ?

La mise en place de la sandbox en Espagne nous semble primordiale, tout comme le lancement de plusieurs publications visant à renforcer les réflexions sur notre secteur. Un livre blanc sur le thème de l’insurtech sera ainsi publié au premier semestre, et sera suivi d’une étude sur les innovations du monde financier. Nos travaux porteront également sur le développement de la place des femmes dans le monde de la fintech en Espagne, sujet primordial et axe de transformation non négligeable du secteur financier.

Andréa TOUCINHO

Pôle Études | Partelya Consulting

Articles associés