Sécurité des paiements : l’heure est à la co-création

ÉDITO OCTOBRE 2019

Passer d’un fonctionnement en silos à une organisation en réseau. Promouvoir le partage d’expériences et de connaissances. Intégrer tous les maillons de la chaîne pour établir une réflexion et une stratégie de Place sur les préceptes sécuritaires du marché des paiements de demain. Telles ont été les idées véhiculées par les professionnels du secteur lors de l’Afterwork organisé le 17 septembre 2019 et dédié à la présentation de l’étude sur « Les Nouveaux Enjeux de la Sécurité des Paiements ».

Si, hier, les acteurs bancaires se voulaient la colonne vertébrale du marché des paiements, ils constituent aujourd’hui un acteur – pivot, certes – parmi d’autres. Tel a été l’un des points de vue partagé le 17 septembre au soir à Paris, lors de l’Afterwork dédié à la présentation de l’étude sur « Les Nouveaux Enjeux de la Sécurité des Paiements ». Concrètement, partant de la multipolarité, de la pluridisciplinarité et de la diversité sectorielle qui s’installent peu à peu sur le marché des paiements, les acteurs de l’écosystème ont convergé sur le fait que la sécurité des paiements devait être définie selon une logique de Place, prospective et intégrante pour tous les maillons de la chaîne du secteur. En effet, conjuguée à l’évolution des usages et au renouvellement générationnel déterminant pour les mutations liées au digital, les transformations du marché des paiements supposent des enjeux sécuritaires tels qu’il est essentiel, pour les acteurs, d’opter pour une politique de concertation.

Pour une politique de concertation sur la sécurité des paiements

Réalité qui a déjà été intégrée dans la plupart des pays européens si l’on en croit les collaborations naturelles instituées par les professionnels de la conformité. Ainsi, en plus d’une réglementation de plus en plus variée et intégrante pour ce corps professionnel – DSP2, RGPD, LAB-LAT – les pratiques tendent à évoluer d’un fonctionnement en cellule avec logique d’application pure des textes vers un fonctionnement plus stratégique avec une intégration dans la politique des entreprises et des interactions avec les autres fonctions de l’entité. A cela s’ajoute la logique de communauté professionnelle qui s’accentue peu à peu sous l’effet d’organisations comme l’Association of Certified Anti-Money Laundering Specialists (Acams) faisant de l’échange de connaissances et du partage d’expériences la pierre angulaire de l’évolution de la profession. Autre exemple de concertation, à une échelle plus nationale, la définition de plusieurs comités ou forum de Place fonctionnant sur le même principe que le Comité national des paiements scripturaux (CNPS) français ou encore la logique de « lab » ou de collaboration entre entités financières traditionnelles et nouveaux acteurs. Mais l’effort est loin d’être suffisant. En effet, plusieurs travaux restent à mener pour aboutir à une réelle concertation de Place dans le secteur des paiements.

Des efforts à mener dans le domaine de la communication et la pédagogie

A commencer par la pédagogie et la communication à l’attention du consommateur final, condition sine qua non de l’évolution fluide et sécurisée vers les nouveaux usages. Autre sujet d’importance capitale, celui de la souveraineté européenne dans le domaine des paiements qui, s’il se veut résolument stratégique et de plus en plus politique, n’est à date pas appréhendé au même rythme au sein des différents Etats européens et par les divers secteurs concernés. A titre d’exemple, l’appréhension du sujet par les institutions comme la Commission européenne, la Direction Générale du Trésor ou la Banque de France est réelle, tandis que les acteurs du terrain à l’image du retail se veulent parfois éloignés de ces considérations géostratégiques. Autre divergence, des Etats membres tournés vers l’Europe alors même que leurs voisins se veulent résolument axés sur une politique nationale ou, a contrario, globale si nous prenons en considération les exemples respectifs de pays comme les Pays-Bas, l’Italie et le Portugal. La communication à l’égard du consommateur final et l’harmonisation des stratégies liées à la souveraineté européenne dans le domaine des paiements et du numérique – sujet essentiel des futures années – restent donc des thématiques centrales devant être appréhendées par les acteurs du marché.

Par Andréa TOUCINHO, Directrice Études, Prospective et Formations,

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