Forum CB 2023 : quelles évolutions pour le paiement dans un contexte marqué par de multiples incertitudes ?
Organisé le 28 novembre 2023 à Paris, le traditionnel Forum CB a réuni l’ensemble de l’écosystème des paiements français autour de différentes thématiques liées notamment au contexte économique et géopolitique ainsi qu’à l’innovation. L’occasion de faire le point sur la stratégie du marché des paiements français dans un environnement marqué par de multiples incertitudes.
76,1 millions de cartes CB. 2,0 milliards de paiements en vente à distance. 7,1 milliards de paiement sans contact. Tels sont les chiffres clés recensés au 31 décembre 2022 par CB. « Les performances de CB en 2022 confirment le rôle central joué par l’écosystème CB dans les paiements français et européen. Avec un volume d’opérations CB de 685 milliards d’euros (+5,5% par rapport à 2021) pour un nombre d’opérations CB dépassant les 15 milliards (+5,5% par rapport à 2021), CB représente deux tiers des dépenses de consommation courante des ménages ; mais également, à l’échelle européenne, plus de 20% des paiements par carte de la zone euro, soit environ 10% des paiements des particuliers en Europe », indique Jean-Paul Mazoyer, Président de CB. « L’exercice 2022, après deux années de crise sanitaire sans précédent qui nous ont fait prendre conscience de nombreuses fragilités humaines, sociales, économiques et environnementales, s’est trouvé confronté à un nouveau choc de forte intensité par l’entrée en guerre de la Russie contre l’Ukraine, à nos frontières européennes », ajoute-t-il.
Le paiement : un domaine « stratégique »
Et de fait, si le paiement a longtemps été perçu comme un secteur technologique, il est de plus en plus considéré, tant par les acteurs du marché que par la société en général, comme un domaine résolument stratégique. La tendance relevée en 2022 est ainsi confirmée en 2023, avec un secteur des paiements au carrefour de plusieurs incertitudes (macroéconomiques, géopolitiques…) et caractérisé par le renforcement des enjeux de souveraineté. « Le plan stratégique CB 2026 a été validé cette année. Son objectif est de renforcer la marque CB et de soutenir l’interopérabilité », indique Jean-Paul Mazoyer, ajoutant que « la publication du « Manifeste CB » met l’accent sur les valeurs de CB que sont notamment la sécurité, l’interopérabilité et la souveraineté ».
Sur ce dernier point, les ambitions de l’acteur phare du paiement français sont importantes : « La souveraineté nationale et européenne sont des éléments clés pour l’évolution du marché des paiements. CB, au même titre que le projet EPI, ou encore l’euro numérique, figure parmi les outils de cette souveraineté ». Parmi les pistes d’actions envisagées dans les prochaines années : investir dans l’information et la communication, et préserver l’équilibre entre innovation et sécurité afin de protéger la confiance, notamment pour les retailers.
Cette dernière typologie d’acteur n’est d’ailleurs pas en reste dans la vision de l’acteur des paiements français. « CB a lancé plusieurs initiatives pour garantir le paiement et la distribution pendant la crise sanitaire », rappelle Loÿs Moulin, Directeur du développement de CB, citant le cas du sans contact et la plateforme « Action Commerce CB » en guise d’exemples. Partant de ces initiatives, il est essentiel d’aller plus loin, le commerce étant, au même titre que les autres typologies d’acteurs du paiement, impacté par toutes les crises. « Promouvoir une nouvelle façon de consommer doit faire l’objet d’une communication collaborative », insistent les professionnels du secteur, ajoutant que « les défis du retail sont également liés aux transitions écologique et numérique, ainsi qu’aux problématiques de transmission ». Autre point ne devant pas être oublié : l’enjeu lié à la protection des données personnelles, la relation entre data et paiement étant l’un des vecteurs clés de l’évolution du marché.
Andréa Toucinho
| Paiement & technologies émergentes : Focus sur l’IA
A l’occasion de son Forum 2023, CB a souhaité effectuer un focus sur l’intelligence artificielle (IA), ayant marqué l’actualité de ces dernières années tant pour ses promesses technologiques que son ambivalence. Réunis dans le cadre d’un débat, Olivier Lascar, Rédacteur en chef chez « Sciences et Avenir », Georges Nahon, Technology and investment advisor, et Nathan Stern, Social designer, ont rappelé que « l’IA n’est pas un sujet récent, les premiers travaux ayant démarré dans les années 1950 ». Et de fait, un premier article publié pendant cette décennie prédisait déjà que 50 ans plus tard, des machines seraient en capacité de reproduire les fonctions humaines. Particularité de cette innovation : elle connaît différentes étapes, l’une d’entre elles ayant notamment été franchie par Alan Turing, par exemple. De quoi expliquer la crainte qui subsiste sur ce sujet : « les risques de l’IA sont connus mais il est difficile de freiner cette évolution », affirment les experts, ajoutant que l’une des explications de cette crainte réside dans le concept même de darwinisme : « Jusqu’à présent, l’humain a été l’espèce la plus forte car elle a su s’adapter à différents environnements. L’IA remet en cause cette idée en supposant que les machines seraient en mesure de prendre le pouvoir ». Reste à savoir si l’espèce humaine sera en mesure de s’adapter pour tirer les opportunités de cette avancée technologique sans se trouver bouleversée.
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