Forum CB 2022 : Dématérialisation et transition écologique au centre des réflexions des professionnels du paiement

La huitième édition du Forum CB s’est déroulée le 24 novembre 2022 à la Maison de la Chimie, à Paris. A cette occasion, les professionnels de l’écosystème des paiements ont fait le point sur les enjeux sectoriels inhérents à ce marché et ont analysé la portée sociétale du paiement dans un contexte macro-économique marqué par les crises et l’incertitude.

« Résilience ». Tel est le maître-mot choisi par Jean-Paul Mazoyer, Président de Cartes Bancaires CB, pour qualifier le positionnement des acteurs de l’écosystème lors de l’introduction de la huitième édition du Forum CB, le 24 novembre 2022 à Paris. « Cette huitième édition du Forum CB est placée sous le signe de la résilience et de l’agilité de CB face à un monde désormais soumis à des chocs multiples de forte intensité qu’ils soient sanitaires, géopolitiques, économiques ou climatiques », indique-t-il.

Activité de la filière paiement et enjeu de souveraineté

Malgré ce contexte, l’intéressé souligne la poursuite de l’activité de CB, avec par exemple 7 milliards de paiements CB sans contact en 2022 et 77 millions de cartes en circulation, notamment grâce à la forte montée en charge des titres restaurant dématérialisés. De quoi confirmer que la tendance est à la poursuite du développement des transactions électroniques, dans un contexte post-Covid propice à la digitalisation. « CB est avant tout un actif au service de l’économie, des consommateurs et des commerçants », poursuit-il.

Et de fait, selon la Banque de France, la filière paiement est plus que jamais déterminante pour l’évolution de l’économie européenne. « La filière paiement reste au cœur de notre vie quotidienne. Elle fonctionne bien mais il y a de forts enjeux d’innovation technologique et de concurrence stratégique avec des acteurs extra-européens, des big techs qui peuvent être de plus en plus puissants », affirme ainsi François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France. « Il faut une réponse européenne. C’était l’enjeu du projet EPI qui est aujourd’hui concentré sur le digital, et non plus sur le volet carte », ajoute-t-il, soulignant sur ce point que « les schemes domestiques doivent investir, innover, avoir autant que possible des relations partenariales pour pouvoir offrir une couverture européenne voire internationale ».

Le volet écologique

A l’instar du sujet de la souveraineté, la thématique environnementale a également fait l’objet de nombreux échanges au sein du Forum CB. La première table-ronde a par exemple été l’occasion de s’interroger sur l’action de l’écosystème CB en faveur de l’environnement. « Pour 90% des entreprises, la RSE est devenue une priorité », convergent les professionnels, expliquant que ce mouvement a été accentué par la crise Covid, le besoin de sens et des défis actuels comme les enjeux climatiques.

D’un point de vue opérationnel, les approches sont effectivement résolument pragmatiques. D’une part, du côté des enseignes, deux axes sont travaillés : la dématérialisation des tickets (faisant l’objet d’une législation nationale) et la dématérialisation des moyens de paiement qui, elle, s’inscrit dans une tendance plus générale d’amélioration du parcours d’achat. D’autre part, du côté des entités financières, la prise de conscience passe par une évolution de la gouvernance, de nouvelles approches en matière d’IT, ainsi que des investissements dans la formation et la culture du changement ainsi que dans la conception des instruments de paiement, comme la carte qui se dote de plus en plus de matériaux recyclés. Enfin, n’oublions pas l’action de l’écosystème CB en faveur de la dématérialisation : l’open payment, avec des expérimentations déjà menées dans certaines villes comme Amiens ou encore Clermont-Ferrand, qui participe à la réduction des tickets papier dans les transports ; ou encore le softPOS, solution d’encaissement via smartphone qui pourrait participer à la fluidité du commerce, y compris en situation de mobilité.

A cela s’ajoute le rôle essentiel de la réglementation, source de cohérence et d’uniformisation des approches. De là à supposer que ces actions permettront de participer à la réduction de l’empreinte carbone, le point de vue de l’expert des sujets énergie/carbone Jean-Marc Jancovici est sans appel : « trimestre, décennies, milliers d’années pour amortir – en partie – le surplus de CO2 de la société industrielle : l’échelle de temps du climat et des sociétés humaines sont inconciliables ». Illustration : l’explosion à venir de la production des données…

Andréa Toucinho

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