Nouveaux moyens de paiement : comment lutter contre l’exclusion numérique ?

 ÉDITO NOVEMBRE 2019

« Illectronisme ». Tel est le terme utilisé par les médias grand public pour qualifier l’exclusion numérique, à savoir les segments de population n’étant pas à l’aise avec les outils digitaux. Ce sujet a été récemment adressé en France par les pouvoirs publics avec, notamment, la « stratégie nationale d’inclusion numérique » présentée en décembre 2017 ou encore, plus récemment, le livre blanc sur « l’illectronisme » publié par le syndicat de la presse sociale (SPS) en juin 2019. D’après cette étude, onze millions de Français – soit 23 % de la population – seraient concernés, particulièrement les personnes âgées, certains jeunes, les adultes non diplômés ou encore les populations situées dans les régions caractérisées par une fracture numérique.

Appliquée au sujet des moyens de paiement, la problématique se veut centrale. En effet, dans un contexte où les institutions et les acteurs du terrain semblent pousser les instruments dématérialisés pour des raisons de sécurité et d’ergonomie, comment accompagner l’évolution des usages sans omettre certains segments de population non familiers avec le digital ? Une réponse semble émerger naturellement : la communication et la pédagogie, devant incontestablement être intégrées dès le démarrage des projets pour inclure toutes les populations à cette évolution, en sachant que les efforts doivent être le fruit d’une co-construction entre tous les maillons de la chaîne du marché des paiements et non pas être portés par une seule typologie d’acteurs, de façon à éviter les écueils informationnels que nous avons déjà pu observer par le passé sur des sujets comme la migration SEPA, par exemple. Autre principe primordial, la nécessité d’opter pour une évolution progressive, par étapes, à l’image de ce qu’ont pu réaliser certains acteurs de l’administration comme la Direction générale des finances publiques, ayant progressivement basculé vers la dématérialisation du paiement des impôts. Une réalité qui, sans nul doute, nuance les aspirations de certains professionnels des marchés financiers pariant sur l’émergence prochaine d’une France « cashless », à l’image du modèle suédois. En effet, si la transformation numérique prendra peu à peu effet dans l’Hexagone, comme dans d’autres pays européens, elle ne se fera pas de façon catégorique. Car c’est la complémentarité et la cohabitation entre tous les outils qui contribuera au développement de l’utilisation des nouveaux instruments et à l’essor progressif des nouveaux usages. En somme, une transition en douceur, qui rendra naturellement obsolète les instruments d’hier et qui devra se faire selon un principe d’accompagnement des clients, en lien avec les réalités de la société.

Le Comité national des paiements scripturaux (CNPS) a pris en compte cette exigence sociétale puisque le plan d’action 2019-2024 présenté en février 2019 place les enjeux sociétaux au cœur des projets, comme l’un des trois axes centraux de la filière pour les prochaines années, avec l’équilibre entre innovation et sécurité, et le sujet européen. Reste à savoir quels efforts et moyens seront fournis pour travailler ce sujet essentiel pour l’avenir de l’écosystème.

Par Andréa TOUCINHO, Directrice Études, Prospective et Formations,

Pôle Études | Partelya Consulting

Articles associés