Les 5 et 7 octobre 2020 se sont déroulés respectivement Paris Infraweek et International Financial Forum 2020 organisés par Paris Europlace. Au programme : la finance verte et le Green Deal européen, la reprise économique, ou encore les « smart technologies » considérées comme un actif indéniable de l’évolution des secteurs financiers.
Longtemps perçue comme un axe stratégique de l’évolution des services financiers, la finance verte est analysée avec une position des plus attentives dans le contexte post-Covid. Et pour cause, ce secteur spécifique est considéré non seulement comme un pilier de la finance de demain, portée par l’évolution des usages et des modes de consommation à l’échelle sociétale, mais également comme un domaine incontestablement boosté dans le contexte de la crise sanitaire.
Le Green Deal axe stratégique de la reprise économique
Et de fait, d’aucuns pourront aisément effectuer des parallèles entre, d’une part, l’avènement d’une finance plus responsable et, d’autre part, le retour au local et la consommation en proximité, deux tendances ayant explosé dans le contexte de la crise sanitaire liée au Covid-19. La finance verte, considérée comme une finance moins « consumériste » et plus axée sur les besoins sociétaux et environnementaux, s’inscrirait donc dans une tendance concrète de renouveau de la consommation dans l’ère post-Covid. Et nul doute que l’accélération de la digitalisation et l’avènement de nouvelles technologies, dopées incontestablement par la crise sanitaire, contribueront à son évolution. Plusieurs interrogations restent cependant en suspens. D’abord, l’harmonisation européenne dans un contexte où le Green Deal de l’UE se heurte bien évidemment à une fragmentation des usages nationaux, certains pays étant naturellement plus appétents à la finance verte que d’autres. Ensuite, à une échelle nationale, l’articulation entre ce Green Deal européen et les politiques de reprise économiques définies à l’échelle des Etats dans le contexte post-Covid. Enfin, à plus long terme, l’interrogation qui se précise porte sur les contributions de ce projet européen central pour l’évolution des infrastructures et des modèles financiers de la région.
La Présidence italienne du G20
L’intervention de la Présidence italienne du G20 a également révélé une prise de conscience des plus importantes, à l’échelle sociétale : au-delà de la simple remise en question des modes de consommation, c’est bel et bien un renouvellement des modèles économiques qui s’enclenche sous l’effet de la crise sanitaire. Parmi les moteurs de ce mouvement figurent bien évidemment la digitalisation – qui se révèle quotidiennement que ce soit sur les modes de consommation, de travail ou de communication –, mais également la transformation des infrastructures, ou encore l’importance de la data, comme fer de lance des nouveaux modèles sociétaux.
Un positionnement confirmé au niveau français par Arnaud de Bresson et Augustin de Romanet, respectivement directeur général et président de Paris Europlace, lors du mot d’ouverture de Paris Europlace International Financial Forum, le 7 octobre 2020. Ere post Covid, reprise économique, évolution de l’Europe et rôle de Paris en tant que place centrale de la finance responsable ont ainsi été au programme de l’ouverture de l’événement. A cet occasion, plusieurs axes de travail ont été pointés par les professionnels de la finance dont la reprise économique, qui doit se préciser au niveau européen, la digitalisation de l’économie – accélérée par la crise sanitaire – contribuant à la création de nouveaux emplois dans le secteur, le renforcement de l’innovation et des « smart technologies » en tant qu’actifs indéniables de l’évolution sociétale, la promotion de la finance verte, ainsi que la prise en compte du sujet européen malgré les aléas liés au Brexit. Partant de ce constat, Augustin de Romanet a présenté plusieurs objectifs pour les prochaines années, à savoir consolider l’engagement européen et favoriser plus d’innovations pour un level playing field plus international, une mobilisation accrue des financements privés et une reprise économique basée sur de nouveaux modèles (finance responsable, croissance équilibrée…). Ainsi, l’intéressé indique que « la crise doit être une occasion de revoir les modèles » et que si « la finance était un problème en 2008 », elle peut être « la solution en 2020 ».
Digital et consolidation européenne au centre de la stratégie de la BCE
Renforcer la résilience économique, favoriser l’indépendance européenne dans le numérique et les moyens de paiement, promouvoir les nouvelles technologies au service d’une finance plus responsable. Telles sont les ambitions de la Banque Centrale Européenne (BCE) pour les prochaines années. Selon Christine Lagarde, présidente de la BCE, qui s’est exprimée à l’événement Paris Europlace International Financial Forum, ces objectifs impliquent plusieurs travaux. D’abord, la construction d’un secteur bancaire robuste, qui passe notamment par plus de digitalisation à l’échelle nationale et internationale afin d’assurer une plus grande efficacité et consolidation européenne. Ensuite, un marché de capitaux efficient et une infrastructure bancaire et de paiement plus moderne. « La BCE doit s’assurer de la modernisation de l’infrastructure économique et du fait que chacun accède à une infrastructure efficiente et sécurisée », indique ainsi l’intéressée. Cette volonté passe également par des travaux prospectifs comme les réflexions menées actuellement sur la monnaie digitale de banque centrale. L’e-euro est ainsi inscrit à l’agenda de la BCE et figurera parmi les axes de réflexion clés pour les prochaines années.
Pôle Études | Partelya Consulting
Par Andréa TOUCINHO, Directrice Études, Prospective et Formations,