Au Luxembourg, experts de la fintech et des paiements se penchent sur l’ère post-Covid.

Dans un contexte d’incertitudes et de renouveau des modes de vie et de travail où la transformation digitale prend tout son sens, les acteurs de la fintech ont un rôle capital à jouer. C’est sur cette note proactive que se sont déroulés, les 15 et 16 septembre 2020, à l’European Convention Center du Luxembourg (ECCL), les débats de l’événement ICT Spring Europe, qui réunit chaque année au Luxembourg des experts de la tech et des services financiers de l’écosystème luxembourgeois et européen.

La crise liée au Covid-19 représente, certes, une période de profonde incertitude, elle n’en reste pas moins une source d’opportunités pour les acteurs de la Tech et de la finance digitale. Telle a été l’approche opportuniste étayée au Luxembourg dans le cadre des débats qui se sont déroulés lors de l’événement ICT Spring Europe. Concrètement la crise sanitaire représente une « nouvelle ère en termes de communication, de façons de travailler et de services financiers », concordent les professionnels s’étant exprimés à cet événement. Reste aux acteurs de ces écosystèmes de s’adapter aux « nouvelles réalités de nos sociétés », ajoutent-ils. Sur ce point, ils bénéficient de plusieurs tremplins technologiques indéniables. Deux d’entre eux sont déjà largement travaillés au niveau européen et national, selon une approche multisectorielle. D’une part, l’intelligence artificielle, qui représente une opportunité en termes d’optimisation des back offices et de sophistication des process sécuritaires – KYC, AML… particulièrement -. D’autre part, la blockchain, aux potentialités à préciser mais dont les premiers travaux s’avèrent des plus encourageants. « Le digital jouera un rôle clé dans l’évolution des services financiers dans l’ère post-Covid. Le secteur financier luxembourgeois identifie de fortes opportunités dans les domaines de la regtech, du KYC, ou encore de la data », poursuivent les professionnels de l’écosystème luxembourgeois. Autre opportunité non négligeable : la nécessité d’avoir un coup d’avance et de pouvoir désormais anticiper une prochaine crise.

L’ère post-Covid ou quand transformation digitale et fintech prennent tout leur sens

Dans ce contexte, la fintech, qui constitue l’un des secteurs financiers les plus diversifiés d’Europe, selon Blackfin, pourrait avoir un rôle déterminant à jouer, non seulement en misant sur des technologies porteuses, mais également en sachant tirer profit du cadre sociétal actuel pour se positionner en référent du secteur. Venu de Suède, Tom Holgersson, directeur de l’innovation de Findec, a sur ce point partagé un témoignage intéressant : « l’attraction de talents, la capacité à développer un réseau international et le renforcement des liens avec le monde académique et les universités constituent trois clés sur lesquelles doivent s’appuyer les acteurs de la fintech » pour se positionner en référent et poursuivre leur développement dans le contexte actuel. Et de fait, si ces entreprises ont un rôle à jouer dans la proposition de solutions alternatives aux offres existantes et dans l’apport technologique, n’oublions pas qu’elles peuvent également s’avérer pertinentes dans le développement des économies et des sociétés via l’inclusion financière. A cet effet, leur apport peut représenter différentes briques : renforcement des usages digitaux, création de nouveaux modèles – alternatifs aux modèles existants à l’image de ce qui est déjà observé en Afrique et dans certains pays d’Asie, par exemple  -, développement de nouveaux business models. En un mot : ouverture.

L’open banking comme nouvelle donne structurelle : l’exemple de Luxhub et Six Group

Si l’open banking s’avère discuté dans certains pays européens pour des raisons sécuritaires et/ou concurrentielles, il semble déjà ancré dans la réalité du secteur financier luxembourgeois. En effet, pour les professionnels de ce marché national, l’open banking ne constitue pas une fin en soi mais bel et bien une brique du nouvel équilibre sociétal qui se forme peu à peu et que la crise sanitaire liée au Covid-19 vient accélérer. « L’open X », selon l’expression de Félix Amez, directeur de l’innovation d’Accenture Benelux, représente l’ouverture de différents écosystèmes (énergie, assurance, finance…). C’est une nouvelle étape pour la société et pour l’innovation. Une prise de position confirmée sur le terrain par la stratégie développée par l’acteur Luxhub qui a construit, autour de l’open banking, un réel hub consacré à la co-innovation financière. Son dirigeant Jacques Pütz, référent de l’écosystème financier luxembourgeois, a d’ailleurs profité de l’événement ICT Spring Europe pour annoncer un partenariat stratégique avec l’acteur suisse Six Group. Via ce partenariat stratégique, Six souhaite déployer une technologie éprouvée dans son hub suisse d’open banking « b.Link ». Les partenaires prévoient également de collaborer à l’introduction en Suisse de nouveaux cas d’utilisation d’open banking qui permettront aux banques d’améliorer l’expérience des clients et de leur offrir de nouveaux services. De quoi confirmer l’appétence des acteurs locaux pour les promesses de l’open banking et la prise de conscience d’une nécessaire logique européenne. Le sujet européen a d’ailleurs été abordé lors de la session consacrée aux paiements ayant mis en lumière les particularités de certains écosystèmes nationaux – et logiquement les spécificités propres au Benelux – et les opportunités suscitées par le développement d’approches paneuropéennes comme celle véhiculée par EPI (European Payment Initiative).

Par Andréa TOUCINHO, Directrice Études, Prospective et Formations,

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