Paiement & Diversité : Quel avenir pour la « sheconomy » ?

Du 3 au 5 juin 2019 s’est déroulé à Amsterdam l’événement Money 20/20 Europe consacré aux innovations liées aux services financiers et aux moyens de paiement sur le continent européen. Caractérisé par un partenariat avec l’European Women Payments Network (EWPN) qui a organisé de façon simultanée son événement annuel, le salon a été l’occasion d’insister sur l’importance de la diversité, en tant que moteur à part entière de l’évolution du marché des paiements.

Les offensives de Unionpay International et autres acteurs de l’Internet le démontrent. Désormais placé sous le signe de la globalisation, le marché des paiements ne peut poursuivre une ouverture amorcée depuis des années sans prendre en considération tous les pendants de son activité, RH y compris. Ainsi, de multiples événements et discussions de Place ont démontré que l’ouverture du secteur à des acteurs non bancaires a forcément un impact sur les organisations. D’où la nécessité de prendre en compte certains impératifs, que ce soit en termes de recrutement, d’accompagnement ou encore de formation des collaborateurs. Mais ce n’est pas tout. Cette nouvelle donne sectorielle, qui s’inscrit autant dans une évolution technologique que dans une transformation sociétale, s’accompagne d’un renouvellement générationnel et de la prise en compte de la place des femmes, dans les paiements comme dans tout autre secteur d’activité de l’économie globalisée. En ce sens, comme l’ont démontré Money 20/20 Europe et l’événement annuel de l’EWPN, la diversité, plus qu’une évolution naturelle ou une exigence du monde contemporain, se veut réellement un moteur de croissance de l’industrie à moyen/long terme.

Nouvelle étape

L’essor progressif d’une filière économique liée à l’activité des femmes – la « sheconomy » – dans les domaines de la Tech, des services financiers, ou encore de l’entrepreneuriat, manifeste ainsi le franchissement d’une nouvelle étape pour l’économie globale. « Les professionnelles connaissent généralement de meilleures performances que les hommes sur les activités liées au management et à l’entrepreneuriat », affirme ainsi l’une des intervenantes de l’événement annuel de l’EWPN. De quoi laisser présager un avenir prometteur. Avec quelques nuances : la nécessité d’aborder les freins qui perdurent aussi bien au niveau éducationnel que psychologique. A ce titre, d’aucuns pourraient rappeler le chiffre clé présenté dans le dernier rapport France Fintech sur la mixité dans la fintech : 9 % de femmes fondatrices de fintech. Preuve que des efforts restent à fournir, en France, en Europe et dans le monde. A ce titre, les événements néerlandais ont été riches en exemples terrain, mettant l’accent sur des initiatives dédiées à l’évangélisation et à l’inclusion financière, notamment en Afrique, où des pépites émergent dans ce domaine.

Conscients des besoins persistant sur ce sujet, Money 20/20 Europe et EWPN eux-mêmes sont passés de la théorie à la pratique en proposant à l’occasion de leur partenariat 2019 le programme Rise Up dédié à l’empowerment au féminin. Une série de professionnelles triées sur le volet ont ainsi pu avoir accès à des conférences, workshops et sessions de mentoring pendant toute la durée de l’événement.

Mise à l’honneur des « men allies »

Autre initiative concrète, la mise à l’honneur des « men allies », professionnels du marché européen des paiements partageant les mêmes valeurs de diversité, modernité et ouverture sur le monde. Ces derniers se sont exprimés lors d’une conférence qui leur était dédiée et ont manifesté leur volonté d’accompagner et de participer à un mouvement qui dépasse, de loin, le seul secteur financier. Concrètement, la parité ne serait perçue non pas comme une fin en soi mais bel et bien comme un pendant de l’ouverture du secteur et la modernisation propre au monde contemporain, tout l’enjeu étant de redessiner le marché en prenant en compte les évolutions générationnelles et sociologiques.

Andréa TOUCINHO

Pôle Études | Partelya Consulting

 

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