Instant payment : 95% des comptes bancaires sont « reachables » au Portugal

Lancé au Portugal le 18 septembre 2018, l’instant payment n’est pas sans susciter interrogations et débats dans le pays. Avec 1,2 million d’opérations enregistrées depuis son lancement, l’instant payment connaît au Portugal un sérieux concurrent : la solution MB Way proposant un paiement instantané par carte dématérialisée dans le smartphone. Particularité : le système, proposé par SIBS, se veut national et donc pas foncièrement paneuropéen. De plus, il repose sur la carte de paiement. De quoi justifier que le régulateur national poursuive ses travaux sur le développement de l’instant payment dans le pays. « Proposé initialement gratuitement, l’instant payment a été caractérisé par des chiffres intéressants. La moyenne en volume était ainsi de plus de 7 000 instant payments par jour, pour une valeur de 800 à 900 euros par virement, puis jusqu’à 1 000 euros. L’évolution vers un modèle payant a ensuite conduit à un relatif déclin en volume. D’où l’importance de créer des conditions harmonisées sur ce sujet, qui devrait susciter des débats au sein du Forum para os sistemas de pagamento », explique ainsi une source travaillant au sein de Banco de Portugal, avant de pointer un autre enjeu : les coûts et le business model qui sera appliqué à ce nouveau moyen de paiement. « A noter que 95 % des comptes bancaires sont « reachables » au Portugal sur ce nouveau moyen de paiement, niveau obtenu grâce à la participation des principales banques de détail du pays », poursuit cette même source.

Une évolution qui se veut importante dans un contexte d’ouverture du secteur portugais des paiements. Rappelons ainsi que la DSP2 a été transposée au Portugal le 12 novembre 2018 et a mené à la création d’un dialogue entre les entités, avec l’intégration de la fintech. « Cela s’est ajouté à des initiatives en matière de visibilité avec des travaux qui continuent, prenant notamment en compte l’échéance du 14 septembre 2019 en matière d’authentification forte, thème primordial qui est encore débattu aujourd’hui et fait l’objet de nombreuses discussions de Place dans le pays. Un autre sujet primordial actuellement adressé repose les évolutions liées aux solutions de paiement en ligne comme 3D Secure », affirme cette même source.

Visionnaire, le régulateur pointe un sujet lancinant lorsqu’il est interrogé sur l’évolution du marché des paiements portugais à dix ans, à savoir « ce que deviendra le chèque dans le nouveau paradigme digital ». « Ce moyen de paiement a connu un pic d’utilisation en 2001 et son usage connaît depuis cette date une diminution progressive, sans pour autant être caractérisé par un arrêt total. La donne évoluera probablement dans les dix prochaines années, notamment grâce aux solutions alternatives qui seront proposées, et particulièrement la généralisation de l’instant payment, qui posera également la question de l’évolution des usages actuels dans le marché ».

Concernant les acteurs de l’Internet du type GAFA et BATX, les préoccupations liées à l’indépendance européenne en matière de paiement sont, selon cette même source, « légitimes et saines ». « Attention néanmoins à ne pas évoluer vers un protectionnisme exagéré. Rappelons ainsi que l’Europe a les moyens de répondre à ces évolutions, notamment grâce à l’instant payment. Nul doute qu’il s’agira d’un thème prépondérant pour l’évolution du marché européen, et par conséquent pour le marché portugais des paiements, suscitant naturellement l’intérêt et l’attention des autorités et des régulateurs. En effet, rappelons que ce pays est, en raison de son histoire, de sa position géographique et de l’actionnariat de ses banques, relativement moins sensible à la question de la souveraineté européenne que certains de ses voisins », explique la source de Banco de Portugal soulignant ainsi un débat d’importance majeure pour l’évolution du marché.

Andréa TOUCINHO

Pôle Études | Partelya Consulting

 

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