Regtechs : vers une optimisation du processus de la chaîne de valeur réglementaire

ÉDITO AOÛT 2019

2008 a été un tournant majeur dans le monde de la finance. En effet, depuis la crise financière et les répercussions considérables observées sur l’économie mondiale, les règlementations et les contrôles dans le secteur n’ont cessé d’être renforcés. Au fil des années, la conformité devient un défi plus important que jamais. Coûteuse, obligatoire et complexe, la conformité réglementaire ne laisse aucun acteur du secteur de la finance indifférent. Pour pallier à ce problème, des solutions intelligentes « regtechs », basées sur des technologies modernes permettent la réduction des coûts en matière de conformité réglementaire ou une répartition de ces coûts entre plusieurs acteurs du secteur.

Contraction de « regulatory technology », les « regtechs », créées pour la majorité après 2008, sont des technologies qui facilitent la gestion des risques réglementaires des institutions financières devant répondre aux nombreuses réglementations en vigueur.  Ces technologies qui mêlent juridique et finance combinent les technologies avancées de machine learning, de robo-advisors et d’intelligence artificielle pour aider les juristes du secteur financier à mieux appliquer les réglementations. Précisons que, d’après l’étude Regtech Sia Partners-AEC Fintech sur 2017 et 2018, les réglementations qui poussent le plus les banques ou autres établissements financiers à faire appel à des regtechs sont la cinquième directive européenne sur la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, MiFID 2 suivi du Règlement Européen sur la Protection des Données Personnelles (RGPD). Ces start-ups sont spécialisées dans différentes expertises telles que la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, l’analyse réglementaire, la gestion des risques, l’identification et la connaissance client et le reporting réglementaire, etc…

Agilité et amélioration des processus de contrôle

Face à un environnement soumis à un florilège de réglementations, nul n’est à l’abri des coûts réglementaires élevés rendant les banques incapables d’investir dans le développement et l’innovation de leurs systèmes informatiques, ni des délais stricts entraînant des réponses vers une conformité réglementaire tactiques plutôt que stratégiques. Les entreprises du secteur financier cherchent donc de nouveaux acteurs pour améliorer ou changer leurs processus, procédures, ou même leurs systèmes informatiques. Les regtechs apportent aux institutions financières l’agilité, la rapidité, l’intégration et les analyses pour répondre aux attentes des autorités de réglementation et gérer les risques. Implantées majoritairement en Europe de l’Ouest, avec une forte concentration aux Royaume-Uni (47 % des regtechs selon l’étude Regtech Sia Partners-AEC Fintech), les regtechs permettent de décharger les banques du poids de la conformité à la règlementation.  Elles apportent des solutions d’automatisation de processus sur l’ensemble de la chaîne de valeur règlementaire.

Vers l’émergence de la « suptech »

D’après une étude de KPMG sur les regtechs, ces dernières devraient représenter 34 % de toutes les dépenses de réglementation à l’horizon 2020. Parmi les clients des regtechs, on peut compter les banques, les fonds d’investissements, des assurances ou autres gestionnaires de patrimoine. Précisons également qu’outre ces clients directs, les regtechs travaillent de plus en plus avec les régulateurs sur des sujets dit de « suptech » (Supervisory Technology) notamment sur la supervision globale des risques, les plaintes ou encore la standardisation de la collecte des données. Travailler avec les régulateurs permet également de donner une certaine légitimité aux regtechs et de s’assurer que ces dernières comprennent parfaitement les exigences de conformité. L’Autorité des Marchés Financiers (AMF) a ainsi déclaré qu’il pourrait être « opportun d’entamer une réflexion sur la nécessité de certifier les regtechs afin de favoriser le développement de services de qualité », ce qui augure d’un bel avenir pour les regtechs.

Autre initiative marquante, les workshops proposés au niveau européen, comme à Francfort le 28 juin 2019, pour analyser les potentialités de la regtech européenne sur des sujets prospectifs tels que l’évolution du scoring des risques dans le contexte de l’instantanéité ou encore la valorisation de la data. De quoi confirmer que cette typologie d’acteurs a sa place dans la finance de demain.

Par Andréa TOUCINHO, Directrice Études, Prospection et Formations,

et Muqtadir Ouro-Sama, Consultant Marketing Monétique et Moyens de Paiement

Pôle Études | Partelya Consulting

 

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