Fintech : vers un monde multipolaire

ÉDITO JUILLET 2019

Coopération européenne, alliances inter-régionales, stratégies de blocs. Nombreuses sont les actualités qui démontrent que le secteur de la fintech et des services financiers innovants atteint peu à peu une multipolarité reflétant l’évolution vers une économie de plus en plus globalisée. Plusieurs exemples peuvent être cités pour argumenter ces propos. D’une part, l’alliance ibéro-américaine de la fintech réunissant les associations fintech de Péninsule Ibérique avec leurs homologues latino-américaines, pour un partage culturel, linguistique et business. D’autre part, les volontés de coopération des différentes associations fintech européennes qui sont réelles, malgré des disparités reflétant les spécificités et richesses locales. Enfin, les logiques de blocs régionaux comme l’alliance fintech des pays nordiques (Nordic Finance Innovation – NFI) s’étant récemment allié à Worldline, ou encore le projet des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), de s’allier sur un modèle commun en matière de paiement. De quoi confirmer que le secteur de la fintech, bien loin de se limiter au suivi des évolutions des économies locales, constitue en réalité un bel indicateur des différentes étapes franchies en matière de globalisation des paiements et des services financiers.

Car, rappelons-le, si pendant longtemps, l’échiquier mondial en matière de paiement et de services financiers signifiait la cohabitation entre une Amérique et une Chine avant-gardistes et puissantes, et une Europe hétérogène et fervente de « smartregulation », l’heure est désormais à une multipolarité qui s’illustre de diverses façons. Tout d’abord par un paradoxe : une volonté toujours aussi forte de renforcer l’harmonisation de l’Europe des paiements alors même que les spécificités locales demeurent et que les différents pays n’ont pas la même appréhension de ce que pourrait apporter l’européanisation. Ensuite, par des mouvements multirégionaux : des pays européens s’alliant à l’Amérique Latine, ou encore des régions émergentes faisant front commun pour disrupter un modèle longtemps établi dans le marché des paiements global.

Une certitude demeure face à ces mouvements : l’échiquier compte de plus en plus de participants, dont les opportunités et les modèles vont probablement s’affirmer dans les prochaines années. A une Afrique en cours de développement s’ajoute ainsi une Amérique Latine riche en pays moteurs soucieux de leur développement – Brésil, Mexique, etc. – et de leur avenir dans un contexte économique mondial relativement incertain et marqué par des tensions latentes entre les régions développées.

Andréa TOUCINHO

Pôle Études | Partelya Consulting

 

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