Onzième pays le plus peuplé au monde avec une population estimée à près de 130 millions d’habitants en 2018, le Mexique est un pays réputé pour ses plages du Pacifique et du golfe du Mexique, ainsi que pour ses paysages variés. Avec un taux d’alphabétisation avoisinant les 92% et une croissance du PIB estimée à 2,5% pour 2019 selon le FMI, le Mexique est un pays orienté vers l’exportation et doté d’un marché financier émergent.
Souvent reconnu comme le pays d’Amérique Latine le plus ouvert au commerce, le Mexique reste toutefois fortement dépendant de la conjoncture américaine. Les dernières données disponibles de la Banque Mondiale révèlent que les services contribuent à hauteur de 60,9% au PIB, suivi de l’industrie (30%) et l’agriculture (3,4%). Le secteur financier mexicain, peu développé au regard d’autres pays, subit également la politique protectionniste insufflée par Donald Trump. Ce vent d’incertitude provenant des Etats-Unis pèse sur la croissance du secteur financier mexicain. Cette situation d’instabilité, dans un secteur bancaire mexicain dominé par les acteurs étrangers qui représentent près de 80% du marché, a entraîné une dévaluation du peso mexicain face à l’euro ou au dollar.
Cependant loin de se conforter dans cette position, le secteur des services financiers au Mexique ne cesse d’évoluer. En effet, une explosion de la fintech mexicaine est observée, le Mexique étant encore un pays où le taux de bancarisation est très faible. En 2018, plus de la moitié de la population âgée de 18 à 70 ans (53%) ne disposait pas de compte bancaire. Avec un accès aux prêts presque inexistant, 53 millions d’adultes se retrouvent exclus du système financier traditionnel et sont donc obligés de se tourner vers des moyens de paiement alternatifs. Le manque de confiance dans le système bancaire suite aux fraudes et aux dévaluations ne facilite également en rien les choses. Tous ces facteurs clés ont provoqué un essor de la fintech mexicaine, la bancarisation via des moyens alternatifs constituant un enjeu majeur pour le développement du pays.
Développement de la fintech
Les fintechs se développent également grâce à l’évolution des habitudes de la population : hausse du taux d’équipement en Internet (70%) et, de ce fait, du e-commerce (+27% entre 2016 et 2017). L’usage du smartphone se démocratise si bien que le taux de pénétration devrait atteindre 85% en 2020. Précisons également que le nombre de personnes utilisant un service bancaire depuis leur téléphone a connu une nette hausse depuis 2012, passant de moins d’un million d’utilisateurs à près de huit millions en 2018. Cela représente environ 10% de la population âgée de 18 à 70 ans. En matière de moyens de paiement, les cartes de crédits ont une pénétration plus faible sur le marché du e-commerce que sur de nombreux autres marchés. Le cash représente 24% des transactions contre 22% pour les virements bancaires, suivi par les transactions par cartes et par Paypal avec 10% des transactions. Visa est en tête des transactions par cartes avec 19%, suivi de Mastercard avec 17% et d’American Express avec 8%. A noter que le Mexique est le seul pays d’Amérique Latine qui connaît une pénétration significative d’American Express.
Volonté de modernisation du secteur financier
Pour témoigner de sa volonté de moderniser le secteur financier et de l’accompagner dans son développement, le Mexique adopta en mars 2018, la « Loi de Régulation des Institutions de Technologies Financières » ou « Loi Fintech ». Cette loi concerne trois secteurs : les paiements électroniques, le financement collectif (crowdfunding) et les actifs virtuels. Elle a pour objectif principal de superviser les opérations financières effectuées via des plateformes technologiques qui n’étaient jusqu’à présent soumises à aucun contrôle. Les effets positifs de ce nouvel environnement mis en place commencent à se faire ressentir. En effet, avec 334 fintechs (64 étrangères) en juillet 2018, le Mexique se positionne comme le deuxième écosystème fintech d’Amérique Latine (septième au niveau mondial), juste derrière le Brésil qui en compte 377. Il faut préciser que le secteur de la fintech mexicaine est néanmoins caractérisé par un manque d’investissement qui s’explique par le côté moins expérimenté et une aversion au risque des investisseurs mexicains, sans oublier l’existence de conditions plus strictes. En 2020, il est estimé que le secteur de la fintech mexicaine représentera 30% du marché bancaire mexicain, soit 9 Mds USD.
Par Andréa TOUCINHO, Directrice Études, Prospection et Formations,
et Muqtadir OURO-SAMA, Consultant Marketing Monétique et Moyens de Paiement
Pôle Études | Partelya Consulting