Covid-19 : La globalisation sortira-t-elle gagnante ?

 ÉDITO Avril 2020

 

En plus des enjeux sanitaires qu’elle représente, la crise internationale liée au Covid-19 que nous vivons actuellement a des impacts économiques indéniables. Plusieurs gouvernements ont établi des mesures afin de soutenir les entreprises et les finances des Etats, que ce soit à l’échelle nationale ou régionale comme le démontre l’engagement de la Banque Centrale Européenne (BCE). Mais ne nous trompons pas. Si cette crise se veut à la fois indéniablement sévère mais également inédite, c’est en raison de sa propension à remettre en cause les modèles de société actuelle et les préceptes de globalisation dans leur ensemble. Plusieurs illustrations méritent d’être cités sur ces sujets. La fermeture des frontières au sein de l’UE et le regain de nationalisme de certains Etats pourraient, dans certains cas, peut-être laisser des séquelles au sein de l’Union Européenne. Les choix industriels et stratégiques entrepris dans certaines industries, à commencer par le domaine médical, mais aussi, par exemple, dans la finance. Illustration liée à l’industrie des paiements : les choix divergents des Etats sur la hausse, ou pas, du plafond du paiement sans contact dans le contexte de cette crise. Alors même que certains Etats comme les Pays-Bas, l’Irlande, le Portugal, ou encore le UK, ont d’ores et déjà entrepris des démarches en ce sens, la France, quant à elle, se veut plus réservée sur ce sujet.

Dès lors, comment occulter l’impact de cette crise sur l’économie et l’essence même de l’Europe et, par ricochet, sur les préceptes de la globalisation. Les logiques sociétales, économiques et financières fonctionnent ainsi depuis plusieurs décennies selon une approche transfrontalière et multipolaire. Force est de constater que le Covid-19 a, en quelques mois, remis en cause toute cette structuration sociétale et pousse les Etats, à l’échelle mondiale, vers la logique nationale et locale. Question clé : comment assurer que ce mouvement, nécessaire pour endiguer cette pandémie, ne sera qu’une tendance ponctuelle liée à cette crise, et sans effet à long terme sur les politiques, économies et sociétés ? L’entité McKinsey s’est récemment penchée, dans le cadre d’une étude, sur les impacts de la crise du Covid-19 sur les entreprises globalisées. Plusieurs « best practices » ont été proposées pour éviter – ou du moins contenir – les effets de cette crise sur le fonctionnement des entreprises. Ces « best practices », relativement pragmatiques, pourraient également s’appliquer aux acteurs de la globalisation pour éviter des effets à long terme.

  • Protéger les employés (et, par extension, les individus) en suivant les recommandations des autorités à la fois locales et internationales, en communicant fréquemment et en effectuant de la pédagogie
  • Définir une réponse générale et cross-fonctionnelle dans le contexte de la crise
  • Elaborer un plan de contingence et des tests de résilience au stress, assurer les liquidités
  • Stabiliser la supply chain
  • Rester proches des clients (et, par extension, des individus)
  • Mettre en pratique le plan avec les leaders clés
  • Expliquer ses objectifs

Les notions d’information, de communication et de proximité s’avèrent ici essentielles dans le contexte de la crise. Gageons que cette phase inédite dans l’histoire de l’économie mondialisée permette de renouveler les modèles sociétaux sur lesquels la globalisation fonctionne depuis un certain nombre d’années. C’est seulement à cette condition que la globalisation sortira gagnante de cette crise qui l’affecte dans son essence même.

Par Andréa TOUCINHO, Directrice Études, Prospective et Formations,

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