Moyens de paiement : le défi de l’accessibilité de plus en plus présent dans l’agenda du secteur

Moyens de paiement : le défi de l’accessibilité de plus en plus présent dans l’agenda du secteur

Permettre aux personnes souffrant de handicap d’accéder aux produits et services du quotidien. Telle est la promesse de l’European Accessibility Act (Directive 2019/882). Selon les instances européennes, 87 millions d’individus seraient concernés par cette législation, soit un Européen sur cinq. Le défi de l’accessibilité concerne aussi bien les services du quotidien comme les transports, les télécommunications, le e-commerce, que les usages plus spécifiques comme les moyens de paiement. Transposée actuellement dans les Etats membres, la législation est soumise à une deadline : le 28 juin 2025, date à laquelle toutes les entreprises devront s’assurer que les nouveaux produits et services proposés au marché sont bien accessibles à la totalité des consommateurs. Certains Etats européens œuvrent déjà sur le sujet.

En France, par exemple, le nouveau Comité National des Moyens de Paiement (CNMP), issu de la fusion, fin 2022, entre le Comité National des Paiements Scripturaux (CNPS) et le Comité de Pilotage de la Filière Fiduciaire (CP2F), a émis une série de préconisations destinées aux prestataires de services de paiement et aux propriétaires des surfaces de vente concernant l’accès des personnes en situation de handicap et/ou éloignées du numérique à des moyens de paiement de qualité. Les préconisations, au nombre de dix, incluent notamment la nécessité de mettre à disposition des utilisateurs des services de paiement qui soient les plus inclusifs possible, qu’ils soient utilisés pour des transactions en point de vente ou à distance, la nécessité d’inclure la notion d’accessibilité dès la conception des dispositifs et des interfaces de services de paiement, en associant dans la mesure du possible les personnes en situation de handicap au développement des services, ainsi que le respect, dans le développement des sites Internet et des applications de services de paiement, des obligations de déclaration de conformité au décret n°2019-768 du 24 juillet 2019 relatif à l’accessibilité aux personnes handicapées des services de communication au public en ligne. Plusieurs préconisations font, en outre, référence aux outils eux-mêmes : les cartes à cryptogramme dynamique, les terminaux de paiement tactiles et les claviers virtuels, qui devraient avoir des solutions alternatives utilisables par les personnes en situation de déficience visuelle, et les distributeurs automatiques de billets (DAB), les terminaux de paiement (TPE) et les guichets automatiques bancaires (GAB), qui devraient bénéficier d’une ergonomie la plus inclusive possible pour les personnes en situation de handicap, notamment moteur. Autres éléments, plus spécifiques : la nécessité de proposer, sans surcoût, au moins une solution d’authentification forte alternative à l’utilisation d’une application bancaire sécurisée, l’intégration du sans contact dans les cartes de paiement prépayées rechargeables qui constituent un vecteur d’inclusion pour certains segments de consommateurs, et des actions de sensibilisation adaptées aux publics fragiles afin d’assurer leur accompagnement dans l’évolution des moyens de paiement.

Autre initiative, au Portugal, où l’acteur monétique central SIBS a annoncé début 2023 le lancement de cartes de paiement en braille utilisables par les personnes aveugles ou souffrant de déficience visuelle. Cette mesure a fait l’objet d’un partenariat avec l’association ACAPO (Associação dos Cegos e Ambliopes de Portugal). Cela s’ajoute à des initiatives en termes de pédagogie visant à accompagner les consommateurs dans l’évolution vers les paiements électroniques, information et communication étant le premier pilier du Forum para os Sistemas de Pagamento œuvrant sur la stratégie nationale en matière de paiement dans le pays.

Andréa Toucinho

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