L’écosystème français des moyens de paiement était réuni à la Maison de la Chimie, le 2 octobre 2019, pour le Forum CB organisé chaque année par l’un des acteurs phares du secteur des paiements de l’Hexagone. Comme à son habitude, l’événement a été l’occasion de réunir toutes les parties prenantes de cet écosystème en mutation pour débattre sur les sujets d’actualité et réfléchir à des problématiques macro-économiques et sociétales, à l’image de la relation entre transformation digitale et théories de l’évolution.
Des participants de plus en plus nombreux au Forum CB. C’est sur cette note positive que Philippe Laulanie, directeur général du groupement Cartes Bancaires CB, a introduit le traditionnel Forum CB, qui s’est déroulé le 2 octobre 2019 à la Maison de la Chimie à Paris. Conscient des impacts sociétaux liés à l’évolution du marché des paiements – écosystème sortant progressivement d’une logique de microcosme pour être considéré et analysé comme un secteur à part entière de l’économie française et européenne – l’intéressé a insisté sur le thème phare de l’édition 2019 : paiement & data, en lien avec les réflexions prospectives des professionnels du secteur. La problématique se veut centrale, selon Philippe Laulanie, qui la conçoit comme analysée non seulement sous les angles stratégiques et technologiques mais également sous l’angle de la souveraineté, l’arrivée des acteurs de l’Internet soulevant inévitablement la question de la souveraineté européenne dans le domaine des paiements et du numérique. De quoi confirmer que l’écosystème est en mutation à l’échelle aussi bien nationale qu’européenne voire globale, avec quelques bonnes nouvelles pour l’écosystème français : un dynamisme toujours avéré pour la carte de paiement et le développement de la technologie sans contact, en passe de franchir le cap des trois milliards de paiement, selon l’intéressé qui cite cet exemple comme un « succès sociétal ».
L’ouverture du marché : un moteur de développement de l’écosystème
Dès lors, une question s’impose de plus en plus dans cet écosystème en mutation : comment recontextualiser, à l’échelle sociétale, les transformations observées actuellement dans le secteur des paiements ? Et surtout, que signifiera et impliquera le paiement pour les futures générations ? Interrogations qui se veulent déterminantes dans un contexte de mutation technologique et de renouvellement générationnel propre à toutes les suppositions. Pour analyser ces problématiques, CB a opté pour un retour aux fondamentaux en invitant Pascal Picq, paléoanthropologue, à analyser l’évolution du secteur des paiements sous le prisme des théories de l’évolution. Et le constat est sans appel : « Plus il y a d’acteurs, plus l’écosystème grandit », pointe l’intéressé en référence à l’ouverture du marché des paiements et aux craintes des acteurs traditionnels de voir leur positionnement remis en cause par de nouveaux entrants émanant de la fintech ou encore du Web. Pragmatique, Pascal Picq se veut ainsi convaincu du fait que l’arrivée de nouveaux entrants équivaut à un développement du marché et que, demain, il y aura de la place pour toutes les typologies d’acteurs. De quoi justifier son propos sur la nécessité d’accompagner l’évolution du marché et d’éviter les visions manichéennes, d’autant plus qu’un important challenge est à venir : « Les millennials vont devenir majoritaires et ils accordent une attention particulière au paiement, même si celui-ci devient de plus en plus dématérialisé ». Toute la question va donc reposer sur le fait de capter cette clientèle exigeante et prompte au changement.
Proactivité et collaboration
Une conquête qui ne se fera cependant pas sans l’assurance de la sécurité, pierre angulaire d’un écosystème basé sur la confiance entre toutes les parties prenantes du marché. Cette thématique a d’ailleurs fait l’objet d’une table-ronde réunissant des acteurs aussi variés que la Banque de France, les e-commerçants, ou encore les industriels. Au programme : le point sur l’actualité en cours, à savoir les RTS authentification forte liés à la DSP2, initialement fixés au 14 septembre 2019 et en cours d’implémentation dans la plupart des pays européens selon des plans de transition variés. « La migration requiert transparence et collaboration entre toutes les parties prenantes du marché », insistent ainsi les professionnels, avançant que la fluidité et la linéarité de cette évolution restent primordiales, aussi bien du côté des autorités comme la Banque de France que des acteurs terrain comme les e-commerçants. Et pour cause, seule une évolution fluide permettra d’assurer une migration efficace et sans embûches pour l’activité paiement. Sur ce sujet, « il n’y a pas de mauvais élève », souligne la Banque de France, en pointant que la France s’est illustrée positivement dans ce domaine notamment en raison du côté proactif des acteurs du marché. Une proactivité qui se reflète également, d’ailleurs, dans la logique de collaboration caractérisant bon nombre d’acteurs du marché dans la construction des paiements de demain. Objectif : assurer un équilibre entre innovations technologiques, sécurité et besoins des clients, en partant du constat que nous allons progressivement évoluer vers une « plateformisation » des services et une internationalisation des stratégies, aussi bien du côté des acteurs financiers que du côté des acteurs de la demande, à l’image du retail.
Par Andréa TOUCINHO, Directrice Études, Prospective et Formations,
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