Parité : Comment faire évoluer les biais psychologiques ?

L’Afterwork European Women Payments Network (EWPN) France, organisé le 25 juin 2019 dans les locaux de Worldline, à Bezons, a permis de recontextualiser le sujet de la parité selon une approche multisectorielle et sociétale. Trois femmes au parcours d’exception sont ainsi venues partager leur vécu et leurs aspirations avec les professionnels des paiements.

 « Prendre conscience de sa valeur ». Cette déclaration formulée par Charline Crosnier, Worldline Business Developer on Blockchain, permet de mettre en exergue l’une des problématiques centrales rencontrées par certaines professionnelles dans le cadre de leur activité : les biais psychologiques. Comme le démontre ainsi la dernière étude sur « la mixité dans la fintech » présentée par France Fintech en avril 2019, à compétences égales, de nombreuses femmes hésitent à se mettre en avant, à prendre la parole en public ou encore à demander une revalorisation salariale. Situation qui s’étend également à l’esprit entrepreneurial puisque la fintech, qui est pourtant un secteur riche en modernité, est caractérisée par 9% de femmes fondatrices. Dès lors, comment travailler sur ce point, dans un contexte où la parité est devenue non seulement un sujet sociétal et politique à part entière, mais également un enjeu en termes de performance des entreprises ?

L’expertise comme moteur de confiance

Les expériences de Charline Crosnier et sa collègue Françoise Verger, Worldline IT Transformation Manager, sont riches en enseignements : « adopter une attitude d’expert » et se présenter « comme un collaborateur à part entière, et non comme une femme ». L’aspect « expertise » intervient ici comme un bouclier permettant d’avancer en toute légitimité, en contournant les obstacles et en faisant fi des éventuelles tentatives d’intimidation. Bien évidemment, cela suppose un investissement important dans l’entreprise ou au sein de sa structure. « Grâce au travail fourni, j’ai acquis une légitimité dans un domaine technique et cette légitimité me permet d’avancer. Considérée comme une experte sur le sujet que je couvre, je n’ai à ce stade rencontré aucune difficulté liée à ma féminité », révèle Charline Crosnier. Un point de vue partagé par Françoise Verger qui a également connu un parcours régulier dans un secteur où elle est considérée comme une experte.

Autre point de vue, celui du monde juridique qui a été représenté par Maître Anne-Laure Casado, Avocate en droit de la famille, membre du Conseil de l’Ordre et Secrétaire Générale Adjointe de l’Union des Jeunes Avocats à la Cour de Paris (UJA de Paris).

Pour des actions institutionnelles

Concrètement, malgré des qualités professionnelles et une légitimité indéniable en tant qu’expertes, les professionnelles du monde juridique restent soumises à une réalité : le congé maternité constitue encore aujourd’hui un frein pour leur carrière qui motive dans de nombreux cas le passage du cabinet vers l’entreprise. Et pour cause, « les collaborateurs qui travaillent en cabinet d’avocats ne sont pas soumis au droit du travail, ce qui n’est pas le cas pour les professionnels du droit exerçant en entreprise », explique Anne-Laure Casado, soulignant ainsi les spécificités des professions libérales.

De plus, bien souvent, la carrière en cabinet est bloquée pour certaines femmes puisque dans de nombreux cas les associés sont majoritairement des hommes et le recours au Conseil de l’Ordre est bien souvent évité par les collaborateurs en raison de la logique de microcosme inhérente à cette profession. Dès lors, que faire pour améliorer les choses ? Les actions institutionnelles sont bienvenues dans ce secteur, selon Anne-Laure Casado, qui plaide pour la création d’un index dédié à la parité au sein du monde juridique. Ajoutons à cet exemple les efforts pouvant être mis en place dans le domaine de l’éducation et la formation, au bénéfice des futures générations. Une évolution qui ne se fera cependant pas sans le concours des entreprises. Côté Worldline, justement, l’évolution vers la parité se veut naturelle et ancrée au sein de la politique RH du groupe. Preuve que malgré la persistance de certaines spécificités propres à différents domaines d’activité, la prise de conscience est réelle et multisectorielle. Gageons que les prises de position de l’opinion publique – signature de la charte « pour les femmes dans les médias » en mars 2019 – et les initiatives institutionnelles – du type politique de sanction des entreprises rémunérant les femmes avec un salaire inférieur pour un travail égal récemment adoptée en Islande – auront des effets notables sur l’ensemble des secteurs.

Andréa TOUCINHO

Pôle Études | Partelya Consulting

 

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