Open Banking : Les API clé de voûte de l’équilibre entre sécurité et ouverture

ÉDITO AVRIL 2019

Concept certes à la mode mais néanmoins déjà concret dans de nombreux pays du monde – Etats-Unis, Singapour, Australie… – l’Open Banking semble être l’évolution naturelle d’un secteur bancaire désormais placé sous le signe de l’ouverture, sous l’effet de la réglementation et du terrain. Modulable, ce concept, déjà appliqué dans certains pays européens à l’image du Royaume-Uni ou encore de l’Allemagne si l’on se réfère aux exemples Open Banking UK ou encore Berlin Group, fleurit peu à peu dans la région sous l’effet d’initiatives individuelles et consensuelles. Pierre angulaire de ce nouveau concept, les API, ou interfaces d’accès permettant de garantir la sécurité du partage de la donnée, sont riches en enjeux pour maintenir un certain équilibre et assurer la cohésion du marché européen. La preuve sur le terrain avec, non seulement, les initiatives de l’acteur monétique portugais SIBS qui a lancé fin février l’API Market, symbole d’un passage à une nouvelle ère pour le secteur, ou encore Crédit Agricole Payments Services (CAPS) et le groupe BPCE qui ont chacun pris position dans le domaine sur le marché français en mars 2019. N’oublions pas également l’exemple phare que constitue le groupe bancaire espagnol BBVA, précurseur dans ce domaine, pour qui les API constituent une plate-forme permettant de développer la stratégie de partenariats et le développement de nouveaux services à l’échelle globale, en somme, une refonte des modèles pour le secteur bancaire.

Dès lors, les enjeux liés à l’Open Banking et aux API sur le marché européen, sont déterminants pour la construction du secteur de demain. D’une part, la garantie de la sécurité, primordiale pour assurer la solidité de la totalité des maillons de la chaîne dans un secteur qui repose, rappelons-le, essentiellement sur le principe de confiance. Question à laquelle les régulateurs répondent en établissant des référentiels sécuritaires et en collaborant avec des institutions spécialisées dans ce domaine à l’image de l’Agence nationale de la sécurité des systèmes informatiques (ANSSI) sur le marché français. Mais ce n’est pas tout. Les aspects stratégiques sont, également, primordiaux pour adresser la problématique de l’Open Banking dans l’écosystème européen. En effet, entre un marché italien ou portugais axés sur une démarche consensuelle autour d’acteurs nationaux historiquement établis et un marché français privilégiant naturellement des stratégies individuelles, quel sera le pari gagnant ? Enfin, quelle cohésion européenne dans un contexte naturellement et historiquement fragmenté et quels impératifs en termes de standardisation ? Sujet adressé notamment par la Banque centrale européenne (BCE) elle-même qui a insisté, lors d’un événement professionnel organisé en mars 2019 à Madrid, sur la nécessité d’opérer une standardisation des API dans le marché européen, impératif primordial non seulement pour assurer la cohésion du secteur mais également, à plus long terme, le développement de solutions crossborder dans un marché où acteurs et technologies se veulent de plus en plus globales. Exemples phares datant de mars 2019 : l’acquisition de Worldpay par FIS ou encore le pari de Société Générale sur la solution Swift GPI, rappelant que les enjeux du marché des paiements se jouent de plus en plus à l’international. De quoi expliquer également les prises de position des institutions européennes, soucieuses de booster l’Instant Payment et la solution TIPS, proposée par la BCE, atout phare de la souveraineté de l’UE dans le contexte global. Gageons que ces initiatives seront accompagnées de mesures terrain visant à sensibiliser acteurs du marché et consommateurs sur ces enjeux primordiaux pour l’économie mondiale et européenne.

Andréa TOUCINHO

Pôle Études | Partelya Consulting

 

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