A l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, vendredi 8 mars 2019, Andréa TOUCINHO, Directrice Études, Prospective et Formations Partelya Consulting, mais aussi Ambassadrice de EWPN « European Women Payments Network », le réseau européen des femmes de la Fintech, de la banque, des paiements et de la finance, répond à nos questions.
Quel a été ton parcours et pour quelles raisons t’es-tu orientée vers le domaine des moyens de paiement ?
J’ai démarré ma carrière professionnelle dans le secteur de la banque et des moyens de paiement en 2008 après un parcours universitaire incluant une Licence de langues étrangères appliquées à Paris IV-Sorbonne, une Licence et un Master de sciences politiques et sociales mention médias, sociétés et mondialisation à Paris II Panthéon Assas et une première année de thèse de doctorat en géopolitique des médias à Paris I Panthéon Sorbonne. J’ai rejoint cette année-là l’entreprise de presse Publi-News en tant que journaliste. Le rédacteur en chef de l’époque souhaitait recruter un profil ouvert sur le monde et formé sur les enjeux liés l’Europe et ses institutions car il anticipait déjà les évolutions qui allaient par la suite caractériser notre secteur. C’est donc par opportunité professionnelle et curiosité intellectuelle que je me suis orientée vers ce secteur. Au regard des problématiques traitées et de la pluridisciplinarité des réflexions, je me suis rapidement passionnée par ce marché et j’ai évolué dans ce contexte journalistique jusqu’au poste de Directrice des Rédactions, en janvier 2016. Mon activité reposait essentiellement sur deux piliers : rédactionnel (gestion de publications, management d’une équipe de journalistes, etc.) et événementiel avec l’animation de conférences et la direction éditoriale de salons phares de la profession comme PayForum ou encore Banque et Innovation. C’est pour approfondir et développer mes analyses sur ce marché et collaborer avec différents pays sur ces enjeux que j’ai choisi de me réorienter dans le secteur du consulting en 2018. J’ai depuis lors développé des activités en Péninsule Ibérique via les associations fintech nationales ainsi que des collaborations avec l’Italie, ou encore les Pays-Bas via l’European Women Payments Network.
Quel a été ton plus gros challenge au cours de ta carrière professionnelle ?
Il y en a eu plusieurs. Tout d’abord – et c’est à mon sens la priorité – établir et maintenir un niveau d’investissement intellectuel et professionnel qui me permette de répondre aux besoins informationnels de notre marché, aussi bien au niveau français qu’européen. Ensuite, la transition du journalisme vers le conseil, qui a requis adaptation et agilité. Enfin – et c’est en quelques sortes le fil conducteur de mon parcours professionnel – gagner en confiance et en légitimité et me faire progressivement une place sur ce marché.
Qu’est ce qui te motive le plus dans le job que tu fais aujourd’hui ?
L’ouverture sur l’Europe et sur le monde. La diversité des profils rencontrés. Ainsi que les multiples possibilités d’échange et de partage qui sont véhiculées dans ce secteur. En effet, là où le journalisme, soumis à certaines règles déontologiques comme la loi de proximité imposant qu’on se focalise en priorité sur les informations nationales, pouvait paraître relativement clivant dans un secteur aussi mouvant que les services financiers et les moyens de paiement, le consulting et plus particulièrement les missions qui m’incombent aujourd’hui aussi bien sur la partie études que formations ou conférences d’actualité, m’offrent une ouverture sectorielle et géographique très enrichissante et épanouissante. J’ai le plaisir de rencontrer et d’échanger chaque jour avec des professionnels de tout pays, de tout secteur, et d’apporter ma contribution sur des réflexions et débats liés à différents pays et marchés des paiements. Cela correspond parfaitement à mes aspirations.
Quelle(s) place(s) occupe(nt) les femmes aujourd’hui dans le monde du paiement ?
Les femmes constituent à mon sens une réelle valeur ajoutée dans le secteur des paiements, comme dans d’autres domaines d’activité d’ailleurs. L’évolution de la société, notamment en France, est caractérisée par une prise de conscience de certains abus (cf. phénomène « Me Too », etc.), contribuant au fait que beaucoup de femmes, de tout âge et de tout profil, aient pris conscience de leur valeur et aspirent au changement. Cette tendance constitue l’un des vecteurs de modernité de notre marché et plus généralement de notre société, bien que certains conservatismes soient toujours présents. Ainsi, les femmes sont relativement présentes dans le secteur des paiements, aussi bien en France que dans d’autres pays européens, d’ailleurs. Et certaines figurent à des postes clés. Nul doute que cette tendance va se poursuivre notamment en raison des mesures prises aussi bien au niveau politique que terrain via les associations comme l’European Women Payments Network qui vise à favoriser la place des femmes, et plus généralement la diversité, sur le marché des paiements. Bien évidemment, certains points restent à améliorer comme la place des femmes au sein de l’espace public et des événements de Place. En effet, à titre d’exemple, nous observons que certaines conférences, dans le secteur des paiements et des services financiers, sont composées exclusivement de speakers masculins. Il conviendrait que chaque organisateur d’événement s’astreigne systématiquement à proposer un équilibre afin que les femmes du marché aient les mêmes opportunités professionnelles que leurs homologues masculins.
Que conseillerais-tu aux femmes qui souhaitent faire carrière dans un domaine aussi technique et masculin que le tien par exemple ?
L’investissement intellectuel et professionnel apparaît, à mon sens, comme une condition primordiale. Mais nous savons tous que ce n’est pas suffisant. Je leur conseillerais de ne pas oublier l’importance du networking, de l’échange et du partage avec ses pairs, aussi bien en France qu’en Europe. Conserver et développer une ouverture d’esprit et une curiosité intellectuelle me semblent également une condition importante. Enfin, d’un point de vue plus personnel, faire preuve de solidité face aux épreuves, être stoïque et pragmatique et rester confiante et professionnelle en toute circonstance.
Selon toi, quelles seraient les qualités requises pour travailler dans le domaine des moyens des paiements ?
La curiosité intellectuelle et l’ouverture sur le monde sont à mon sens primordiales car notre secteur impose une réflexion pluridisciplinaire et traverse actuellement une réelle phase de globalisation. Il convient également d’avoir le sens du relationnel, car les contacts humains sont très importants, et il faut être en mesure de développer une vision et ne pas avoir peur de la partager.
Quel message souhaites-tu faire passer en cette journée internationale des droits des femmes ?
Continuer à travailler, tracer leur route et ne jamais baisser les bras car la valeur travail paye toujours, même s’il y a parfois des obstacles ou des difficultés. J’aimerais aussi dire aux femmes qu’elles doivent oser un peu plus sur différents points : se mettre en avant, prendre la parole en public, lors d’événements interprofessionnels par exemple, et se challenger continuellement. Ne pas oublier qu’elles ne sont pas seules, que le monde évolue et que de multiples réseaux, comme l’European Women Payments Network (EWPN) existent aujourd’hui pour se réunir et partager.
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