Open banking & API, intelligence artificielle, blockchain, crypto-actifs, instant payment… Tels ont été les thèmes clés de l’événement Global Innovation Payments Forum organisé par Corporate Parity les 24 et 25 octobre à Berlin. L’événement, qui a réuni une série de professionnels et d’expert du marché européen des paiements, a également été l’occasion de réaliser des focus sur des pays clés en matière de paiement : le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Italie, ou encore l’Inde.
« Le changement est en cours. La disruption n’est pas un choix et le fait de ne pas définir une ligne claire en termes de stratégie paiement est un gros risque pour les entités financières ». C’est sur cette note prospective que Pankaj Asthaana, Vice Président, Digital Payments & Labs (MENA), MasterCard, a introduit l’événement Global Innovation Payments Forum le 24 octobre 2019 à Berlin. Focalisé sur les impacts des évolutions sociétales – notamment la transformation digitale – sur les consommateurs, ce dernier a insisté sur le fait que les individus « ne sont pas naturellement appétents au changement ». D’où la nécessité de les accompagner. « Différentes étapes ont été franchies dans le domaine des paiements, comme par exemple le Faster Payments au Royaume-Uni », qui se veut déterminant à l’échelle européenne pour le développement de l’instant payment. Mais les évolutions liées au paiement ne sont pas le seul fait du marché. Comme l’indique Pankaj Asthaana, « les nouveaux usages, comme Netflix, conduisent à de nouvelles habitudes dans le domaine du e-commerce ». De quoi converger vers des évolutions en termes de perception du paiement.
Accompagner le changement
Et de fait, les besoins évoluent. Auparavant centrées sur le duo particuliers (consommateurs) et entreprises, les demandes prennent de plus en plus une connotation macro-économique, voire sociétale, avec des débats sur les nouveaux modes de consommation, les vices & vertus du digital, ou encore le rapport au local dans un contexte global. Et cette tendance va s’accentuer avec l’open banking, assure le représentant de MasterCard, qui prédit un essor des marketplaces, de l’abonnement, des modèles à la demande et du premium dans différents domaines de la consommation. De quoi poser des interrogations éthiques : « En 2021, il y aura plus de porteurs de smartphones que d’individus accédant à l’eau ou au compte bancaire », atteste ainsi Thijs Moser, Head of DACH & Global, PaymentGenes. D’où le rôle clé de certaines fintechs, comme passerelle ou alternative pour les sous-bancarisés. Une exigence demeure : « l’identification complète » du client, de façon à répondre totalement à ses besoins. Une expérience déjà vécue sur le terrain en Inde, où un milliard d’individus sont en train d’évoluer vers les usages digitaux, selon Vinay Kumar Choletti, Head, offline acceptance, Amazon Pay. Dans cette région, le défi repose sur l’élimination du cash, très coûteux. Une évolution également vécue en Italie où le déclin des espèces doit forcément s’accompagner de pédagogie, dans la mesure où le pays est marqué, dans le domaine des paiements, par des usages encore très traditionnels qui s’expliquent notamment par une forte ruralité et ce, en dépit de potentialités importantes en termes d’équipement en moyens de paiement électroniques, selon les explications de Gian Battista Baa, Head of Digital Payments, Intesa San Paolo.
En ce sens, l’open banking constitue une opportunité puisqu’il permet d’adresser des verticales spécifiques et donc de répondre aux besoins des clients selon une logique personnalisée. Tendance déjà anticipée par les banques espagnoles, dont Banco Sabadell, représentée par Alfonso Ayuso, Chief Innovation Officer, qui prédit que la prochaine étape décisive – après la DSP2 et l’open banking – portera sur l’open data et une DSP3 allant plus loin en termes d’ouverture du marché. Mais ce n’est pas tout. La prochaine phase sera également marquée par l’avènement de l’intelligence artificielle, déterminante pour le processing de fortes quantités de données avec l’idée qu’en 2025, l’IA 2.0 sera en passe d’intégrer le secteur et la société pour apporter plus d’efficience technologique. Cela s’accompagnera d’une plateformisation des services financiers et de l’émergence du concept de banque à la demande, sans oublier la blockchain, technologie identifiée comme porteuse dans le domaine du paiement sur des activités de remittances ou encore de transferts d’argent en apportant une brique sécurisée indéniable et pratique dans un contexte de renforcement réglementaire continu en termes de sécurisation des transactions (SCA, LAB-LAT, etc.).
Par Andréa TOUCINHO, Directrice Études, Prospective et Formations,
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