ÉDITO Juillet 2020
La désintermédiation du paiement s’est retrouvée au cœur de l’actualité en ce mois de juin 2020. Tout d’abord, au Brésil, où le régulateur s’est prononcé pour le gel du projet de service de paiement numérique via la messagerie WhatsApp de Facebook, pourtant dans un contexte propice à l’innovation financière.
En effet, rappelons que l’annonce du lancement de cette nouvelle proposition de valeur s’est ajoutée à deux étapes clés dans l’évolution du secteur des paiements brésilien :
1 – la création de la solution instant payment Pix, dont le lancement effectif est prévu en novembre 2020
2 – L’entrée en application de l’open banking, permettant deux avancées pour l’écosystème, à savoir, d’une part, un terrain propice à la création de nouveaux services (comparateurs, solutions de gestions des dépenses, etc.) et, d’autre part, l’émergence de nouveaux business models et d’acteurs alternatifs
Dès lors, d’aucuns pourraient s’interroger en quoi une solution de paiement numérique basée sur WhatsApp pourrait faire tâche dans un contexte réglementaire et stratégique propice à l’innovation ? Concrètement, la problématique repose sur la concurrence. Le Brésil compte ainsi un grand nombre d’utilisateurs de WhatsApp, et est le deuxième au monde en la matière après l’Inde. Il est en outre le premier à avoir été le théâtre d’une utilisation de WhatsApp pour les paiements. Compte tenu des volumes de données traitées, la décision du régulateur s’est voulue prudente dans un contexte où, rappelons-le, la sécurité, et en particulier la politique de confidentialité des données recueillies suscite des interrogations.
Autre polémique dans l’actualité du paiement, la situation de Wirecard, acteur des paiements allemand au positionnement initialement prometteur. En effet, start-up allemande créée en 1999 et présente dans différents pays, Wirecard a longtemps été perçue comme une « success story » de la finance allemande et est aujourd’hui prise dans une spirale de soupçon de fraude et problèmes financiers qui n’a pas manqué de faire réagir le régulateur allemand, la Bafin. En cause, l’image de l’écosystème financier allemand, dans un contexte de concurrence stratégique et géostratégique de plus en plus accru.
Deux illustrations témoignant de l’importance de la régulation pour le secteur de l’innovation financière et des paiements. Concrètement, garant de la sécurité et de la protection des consommateurs, le régulateur joue un rôle actif dans l’évolution de l’innovation financière. Surtout, il se veut également garant de la prise en compte de l’intérêt public, condition sine qua non pour que l’innovation paiement – et Tech en général – serve d’appui au progrès économique et sociétal, avant tout.
Par Andréa TOUCINHO, Directrice Études, Prospective et Formations,
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