A Berlin, le salon MPE 2023 se projette dans le futur des paiements
Le salon Merchant Payments Ecosystem (MPE) s’est déroulé du 28 au 30 mars 2023 à Berlin. Cet événement dédié à la finance innovante, qui réunit chaque année plusieurs professionnels de l’écosystème européen des paiements, a souhaité en 2023 donner un angle plus prospectif à ses analyses. Au programme : finance durable, enjeux macro-économiques, paradigme d’ouverture, nouvelles expériences de paiement, ou encore technologies émergentes.
Face à un contexte de « polycrise », le secteur des paiements est marqué par la résilience. Tel a été le ton de l’inauguration de l’édition 2023 du salon Merchant Payments Ecosystem (MPE) à Berlin, le 28 mars 2023 au matin. David Birch et Anna Maj, experts en paiement et maîtres de cérémonie, ont ainsi souhaité recontextualiser, en ouverture du salon, les enjeux inhérents à ce marché dans un environnement marqué par l’incertitude et l’instabilité géopolitique. Sur ce point, les speakers ont insisté sur la résilience de l’écosystème des paiements, marqué par une évolution continue des usages, un foisonnement en termes d’innovations ainsi qu’une flexibilité et une agilité dont savent faire preuve les acteurs du marché. Une illustration a été donnée par Maria Parpou, Mastercard, dans l’un des keynotes qui a suivi : « le digital par défaut est une tendance clé de notre industrie », qui va ouvrir la voie à l’émergence de nouvelles expériences de paiement, comme le social shopping. Un sujet qui a été étayé pendant l’événement par Laura McCracken, Accenture : « le social commerce est une expérience de shopping multiple qui est basée sur l’intégration d’expériences sociales dans les transactions ». D’abord apparue en Chine, cette tendance, qui repose sur une relation étroite entre paiement/réseaux sociaux/ influenceurs et qui imbrique différents cas d’usage (du P2P au P2M en passant par l’open banking et l’intermédiation), pourrait se développer dans le futur, du fait de la génération Z, particulièrement appétente aux wallets, au smartphone et au partage de contenus.
L’enjeu de la culture du changement
Un élément subsiste cependant pour accompagner ce développement : la culture du changement. En effet, si les jeunes générations intègrent naturellement les nouvelles tendances, voire les créent, qu’en est-il des segments existants et des collaborateurs des entreprises œuvrant dans le paiement ? L’un des éléments de réponse se trouve, selon le salon MPE, dans le domaine des ressources humaines. Selon Simon Stokes, qui anime chaque année une table-ronde sur le thème « People for Payments » lors du MPE, « la diversité des profils constitue une valeur ajoutée pour les sociétés œuvrant dans le secteur du paiement ». Néanmoins, le recrutement de nouvelles compétences n’est pas le seul aspect à travailler : communiquer auprès des acteurs de l’écosystème (comme les marchands), former les collaborateurs, et participer à la diversification des connaissances sont également des aspects centraux pour préparer l’avenir de l’écosystème. D’autant plus que l’évolution des paiements n’est pas une tendance propre à l’Europe et se vérifie dans différentes régions du monde.
Focus sur les pays émergents
Dans les pays émergents, par exemple, l’heure est au succès des solutions alternatives, comme les wallets. Chiffres clés partagés par Agustin Botta, DLocal, pendant l’événement : la solution indienne UPI compte 100 millions d’utilisateurs actifs par mois et 7,8 milliards de transactions en 2022. De quoi expliquer que le secteur des paiements indien ne compte pas s’arrêter là et travaille dès à présent sur un projet d’eRupee. Autres régions citées : l’Afrique, où le mobile money s’est considérablement développé, et l’Amérique Latine, dont l’une des locomotives, à savoir le Brésil, a récemment franchi le cap de l’instant payment et de l’open banking. Ces régions émergentes : des modèles à suivre ? C’est en tous cas ce que suppose l’analyse développée pendant la table-ronde sur le paradigme d’ouverture. Si l’open banking suscite incontestablement des opportunités au sein de l’écosystème européen des paiements, plusieurs travaux restent à réaliser en termes d’harmonisation et de pédagogie sur ce sujet, particulièrement dans des Etats européens où des acteurs de la demande sont intéressés par le sujet. Cette nécessité, qui est par ailleurs déjà prise en compte par les institutions européennes, est une condition sine qua non du succès de la prochaine étape prévue, à savoir l’open finance.
Andréa Toucinho