Open finance : un concept prometteur mais aux multiples enjeux

Le pôle de compétitivité Finance Innovation a organisé, le 20 avril 2023 au Cloud Business Center à Paris, l’événement « Open Day », dédié à l’open finance. Fruit des travaux et réflexions d’un groupe de travail sectoriel composé de plusieurs professionnels du marché, le séminaire a été l’occasion d’analyser les opportunités et enjeux de ce paradigme pour l’évolution du secteur financier.

 

Open finance : quelles prochaines étapes ? quel cadre européen ? quels avantages pour les consommateurs, qu’ils soient particuliers ou entreprises ? Telles ont été les questions posées en préambule de l’événement « Open Day » organisé le 20 avril 2023 par Finance Innovation à Paris. Parmi les professionnels réunis à l’événement, des experts de la banque et des moyens de paiement (banques, fintechs, cabinets de conseil), en sachant que les speakers et modérateurs des différents débats étaient essentiellement des membres de ce pôle de compétitivité. Parmi les thèmes évoqués : la définition de l’open finance, la structuration de ce paradigme, sans oublier ses défis et avantages pour le marché.

 

Convergence technologique & inclusion

Le premier débat proposé a ainsi permis d’évoquer les opportunités suscitées par l’open finance dans le domaine de la banque des particuliers. Premier constat convergent entre les professionnels : « l’open finance est une évolution naturelle suite à la première étape qu’a constitué l’open banking ». Et de fait, rappelons que si l’open banking, tel que proposé dans la DSP2, suppose un partage sécurisé de la donnée des comptes de paiement, l’open finance, quant à lui, propose d’aller plus loin en élargissant le concept d’ouverture à d’autres univers financiers, comme l’épargne ou encore la banque d’investissement. Avantages pour l’utilisateur final ? Une forte amélioration de la gestion des dépenses, grâce à l’agrégation d’informations – permettant une vision consolidée du patrimoine financier – et un renforcement des connaissances financières, qui découleront directement de l’open finance. Ainsi, les professionnels du marché rappellent que ce paradigme constitue un vecteur de personnalisation des produits et services financiers et permet aux clients d’évoluer vers une forme d’autonomie dans la gestion de leur patrimoine. A supposer néanmoins que les acteurs de l’écosystème sachent concilier cette transformation structurelle avec des travaux en termes d’accompagnement et d’inclusion.

Côté banque des entreprises, l’heure est également aux opportunités, notamment d’un point de vue technologique, avec la possibilité d’évoluer vers une forme de convergence entre paiement/facture électronique/comptabilité et ainsi, à terme, de renforcer le fonctionnement des entreprises en jouant sur l’optimisation des processus, en sachant que sur cette verticale également, la promesse s’accompagne de nécessaires efforts en termes d’information et de pédagogie.

 

L’enjeu de l’interopérabilité internationale

Thématique plus spécifique : la convergence entre open finance et projets opérationnels de l’écosystème. Ainsi, « l’Open Day » a également été l’occasion d’analyser comment l’open finance peut constituer un atout pour l’évolution d’un projet institutionnel comme l’euro numérique. « Les deux objectifs de l’euro numérique reposent sur la protection du rôle du régulateur – dans un contexte de déclin des espèces – et l’assurance de l’efficacité et de l’indépendance de l’Europe dans l’économie numérique », rappellent ainsi les speakers, ajoutant que cet instrument est perçu comme un complément du cash et que, comme c’est déjà le cas pour d’autres offres bancaires comme le Livret A, son développement sera plafonné, à la fois en termes de montant et d’offre, l’idée étant que chaque Européen puisse disposer d’un seul wallet dont le montant sera limité. Autre élément à travailler : le sujet de la privacy, un équilibre devant être trouvé entre anonymat et sécurité – notamment sur la partie lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme -. De quoi confirmer que de nombreux travaux sont à fournir dans ce projet qui devra inclure, inévitablement, les banques commerciales, lesquelles devraient distribuer le wallet et porter la responsabilité du KYC. « Plusieurs cas d’usage sont intégrés à ce projet, comme le paiement de proximité, le e-commerce ou encore le P2P », affirment les speakers. De quoi confirmer que la convergence avec l’open finance devrait être de mise. L’un des enjeux qui sera à adresser, en plus du sujet de l’inclusion qui est également sur ce thème, décisif : le sujet de la fragmentation des transactions dans le contexte global. « 110 pays dans le monde travaillent actuellement sur des projets de monnaie digitale de banque centrale ». De quoi en faire un sujet éminemment international, tout comme l’open finance. Néanmoins, les « drivers » sont différents : inclusion financière et/ou numérique, souveraineté… ». Le rôle des acteurs du marché sera également décisif pour assurer une réelle interopérabilité internationale dans ce domaine.

 

Andréa Toucinho