Paiement : quand les technologies émergentes se mettent au service de la lutte contre la fraude
Le salon « AI, Fraud & AML Summit » s’est déroulé les 16 et 17 février 2023 à Londres. Dédié à la sécurité financière, l’événement organisé par Thinkin Events a permis de faire le point sur la fraude dans les paiements et la finance et d’étudier en quoi les technologies émergentes peuvent constituer un atout pour la sécurisation des transactions.
« Insuffisance ». C’est le mot utilisé par les professionnels de la sécurité financière pour qualifier l’approche traditionnelle en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux. Et de fait, rappelons que la troisième directive a marqué une évolution structurante en la matière en passant d’une approche a posteriori à une approche par les risques, supposant un investissement croissant dans la détection des menaces. Quelques années après cette évolution, la sécurité financière demeure un enjeu et une source d’investissements cruciaux aux yeux des entités financières. Les experts du sujet, réunis à Londres dans le cadre de l’événement « AI, Fraud & AML Summit » évaluent ainsi à plus de 100 milliards de livres sterling le coût annuel du blanchiment de capitaux à l’économie britannique. Les dépenses réalisées par les banques du pays pour lutter contre le blanchiment sont ainsi évaluées à 4,5 milliards de livres sterling. Les amendes émises par le régulateur britannique Financial Conduct Authority (FCA) seraient quant à elles estimées à 215 millions de livres sterling en 2022. De quoi confirmer que la technologie constitue un enjeu crucial, à la fois pour analyser de grandes quantités d’informations, pour renforcer l’efficacité des enquêtes dédiées au crime financier, pour identifier les nouveaux risques, et pour monitorer les activités suspectes. Tant de sujets sur lesquels l’intelligence artificielle semble être un atout considérable. Mais ce n’est pas tout.
Impulser une culture du changement
Si la technologie permet de créer une vision holistique du consommateur et du profil de risque associé, l’évolution ne se fera pas sans l’humain. Ainsi, il apparaît nécessaire d’impulser une culture du changement à la fois en interne (au sein des entreprises) et en externe (dans la société) pour que cette transformation porte ses fruits. Car, ne l’oublions pas, si les nouvelles technologies semblent être un atout pour se perfectionner dans la sécurité financière, elles peuvent également être utilisées à mauvais escient pour contourner les circuits traditionnels. L’un des exemples étayés pendant l’événement britannique est celui des cryptoactifs, parfois utilisés dans le financement du terrorisme, en passant par de petits montants via les dons aux associations. « En septembre 2020, une cellule terroriste utilisant les cryptoactifs pour soutenir les militants syriens a été démantelée. Elle passait par des coupons bitcoins achetés en bureau de tabac », illustrent les experts. De quoi confirmer l’importance de la vigilance.
Passer de la détection à la prévention
Dès lors, comment la technologie peut-elle aider la sécurité ? En renforçant les analyses prédictives grâce, par exemple, à l’analyse comportementale permettant d’identifier une activité suspecte ou un profil à risque. Différents types de fraude peuvent ainsi être identifiés : la fraude interne, la fraude externe, et le reporting financier frauduleux. Un sujet d’autant plus complexe que l’enjeu de réputation devient de plus en plus prégnant.
Andréa Toucinho