Organisé à Paris, le 19 juin 2019, l’événement Fin&Tech Community de Finance Innovation a permis d’instaurer un débat pluriel sur la façon dont les technologies émergentes et les services financiers innovants peuvent contribuer à dynamiser les écosystèmes locaux. Analyse.
Blockchain & assurance, intelligence artificielle et services financiers, licornes de la fintech, enjeux en matière de paiement. Tels ont été les principaux thèmes de débat de l’événement Fin&Tech Community, qui s’est déroulé le 19 juin 2019 à Paris. Organisé chaque année par le pôle de compétitivité mondial Finance Innovation, l’événement est l’occasion d’opérer une réflexion prospective sur les évolutions des services financiers dans la société moderne, en présence de nombreux partenaires du pôle que sont les fintechs, les cabinets de conseil, ou encore diverses institutions. A cette occasion, l’un des débats privilégiés a porté sur les écosystèmes locaux, et plus précisément sur la faculté des services financiers sur la dynamisation des territoires. « Pour construire la fintech européenne, il faut s’appuyer sur les écosystèmes en région », indique ainsi Joëlle Durieux, Directrice Générale de Finance Innovation.
Vers une décentralisation de l’innovation au niveau européen
Et de fait, il suffit de sortir du paradigme national et de se pencher sur nos voisins européens pour constater que la finance de demain n’est pas construite uniquement au sein des capitales. En Allemagne, par exemple, nul ne peut nier le poids économique et financier de villes comme Munich ou encore Francfort. De même pour les Pays-Bas, avec une capitale – Amsterdam – à la pointe dans ce domaine et une ville européenne – La Haye – hôte de l’European Payment Summit 2019 en avril. Situation qui se vérifie également en Espagne et en Italie, où, respectivement, Barcelone et Milan regorgent d’inventivité pour innover dans la fintech. Illustrations : l’existence d’une French Tech Barcelone réunissant des professionnels de ce secteur, ou encore le siège social de l’organisation Italia Fintech, réunissant les acteurs de la fintech en Italie, basé à Milan. De même, au Portugal, si Lisbonne tire son épingle du jeu et est reconnue à l’échelle internationale, la ville de Porto n’a pas à rougir grâce, notamment, aux initiatives de Portuguese Women in Tech, ou encore de Natixis Portugal, dans la région. En France, l’innovation est certes pilotée, d’un point de vue institutionnel, depuis Paris, elle n’en reste pas moins relativement décentralisée si l’on en croit les initiatives porteuses de villes comme Bordeaux, Lyon ou encore Toulouse. A cela s’ajoutent les expérimentations réalisées par certains acteurs du paiement – comme le GIE CB – pour dynamiser les cœurs de ville, avec une première région identifiée à savoir Centre France.
Vers un écosystème multipolaire
Une question s’impose : en quoi les régions peuvent-elles constituer un moteur pour le développement de services financiers innovants ? L’une des réponses se vérifie sur le terrain : les écosystèmes locaux permettent de modifier l’approche de l’innovation. Au lieu de partir de la technologie, les professionnels partent, dans ce contexte, des besoins locaux – qu’ils émanent de la ville, du commerce ou des consommateurs – pour apporter des innovations concrètes sur le marché, participant ainsi à l’émergence du concept de « smartcities » commun à différents pays européens. C’est ainsi que la municipalité de Naples, en Italie, s’est positionnée par exemple sur la technologie blockchain, testée au sein de l’écosystème local. Néanmoins, certaines difficultés demeurent : l’information et la communication – avec, forcément, des niveaux différents selon les territoires -, ou encore les particularités liées aux écosystèmes locaux comme les priorités de la région ou encore les calendriers électoraux, difficultant parfois le passage du stade du projet à l’action concrète ainsi que les collaborations interrégionales. Point positif : la prise de conscience du potentiel de la Tech et des services financiers innovants à l’échelle locale est réelle et commune à plusieurs villes, au sein de plusieurs pays européens. La preuve en est les multiples travaux réalisés dans le domaine de l’intelligence artificielle, perçue comme un atout dans le contexte du développement des territoires, les villes étant perçues par beaucoup comme des mines d’or en matière de données. A suivre.