Monnaie digitale : un atout de stabilité financière ?

 ÉDITO mai 2020

 

Etudiée au niveau institutionnel par les Banques Centrales de différentes régions du monde dont la Banque Centrale Européenne (BCE), la monnaie digitale publique baptisée CBDC pour Central Bank Digital Currency pourrait, dans le contexte des effets économiques liés à la crise sanitaire due au Covid-19, prendre tout son sens.

La monnaie numérique n’est pas un sujet nouveau dans l’écosystème de la banque et des moyens de paiement. En effet, cette évolution technologique fait l’objet de nombreux travaux au niveau national, européen et international, depuis un certain nombre d’années. Le régulateur français s’est ainsi exprimé à maintes reprises, courant 2019, sur sa volonté de réaliser des expérimentations liées à l’e-euro courant 2020. A une échelle plus internationale, les banques centrales de différentes régions du monde dont la Banque Centrale Européenne (BCE)  ont annoncé en janvier 2020 leur volonté d’étudier les domaines d’application de cette innovation. L’évolution devait être progressive, en lien direct avec la construction du secteur de demain et l’évolution des usages. Or, la crise sanitaire liée au Covid-19 semble faire évoluer la donne et ce, à plusieurs titres. Tout d’abord, la période que nous connaissons actuellement n’est pas favorable aux moyens de paiement physiques. Une situation démontrée par le recours au paiement sans contact avéré dans la plupart des pays et le développement du paiement en ligne dopé par la phase de confinement impliquant la fermeture de la plupart des magasins physiques. Bon nombre d’acteurs alternatifs soucieux de pousser la dématérialisation du paiement surfent sur cette tendance pour accélérer leur stratégie. En tant qu’alternative aux espèces, la monnaie digitale de banque centrale pourrait être une évolution légitime dans le sens de la dématérialisation. D’autant plus que le terrain a été préparé par les initiatives de certains acteurs, dont Facebook, en passe de lancer sa monnaie digitale Libra. Mais ce n’est pas tout. Recontextualisée à l’échelle institutionnelle et monétaire et conjuguée à la crise financière découlant du Covid-19, la monnaie digitale de banque centrale pourrait s’avérer utile pour l’économie des Etats, et particulièrement de l’Europe. Nul ne peut ainsi nier que la création d’un « e-euro » pourrait constituer un asset non négligeable pour renforcer la stabilité financière et l’économie européenne dans un contexte global. A cet effet, il semble primordial de définir une approche européenne sur le sujet de la monnaie digitale et de mêler volonté politique et actions opérationnelles pour concrétiser l’innovation de façon pragmatique, sans oublier la recontextualisation sociétale, de façon à adresser aussi bien les besoins de l’écosystème que ceux l’utilisateur final. C’est là tout l’intérêt d’une accélération sur le sujet de la monnaie digitale publique, qui permet de conférer aux institutions la possibilité de franchir le cap du digital tout en continuant à soutenir l’économie monétaire. Une position partagée par l’institut Positive Money qui, selon un article paru dans Finextra le 23 avril 2020, atteste que les pouvoirs publics « devraient introduire une version digitale des espèces le plus rapidement possible afin d’éviter la privatisation de la monnaie elle-même ».

Par Andréa TOUCINHO, Directrice Études, Prospective et Formations,

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