Le rapport 2024 de l’Observatoire de la sécurité des moyens de paiement (OSMP) a été présenté le 9 septembre 2025. Parmi les principaux constats : la fraude est « maîtrisée » sur l’ensemble des moyens de paiement mais l’heure est à la vigilance au regard de l’évolution des pratiques des fraudeurs, beaucoup plus axées sur la manipulation des clients.
Le dernier rapport de l’Observatoire de la sécurité des moyens de paiement (OSMP) a été présenté le 9 septembre 2025. Portant sur l’année 2024, il relève une forte progression des moyens de paiement innovants, comme le virement instantané – qui représente 10 % des virements émis – et le paiement mobile – qui représente 15 % des paiements par carte en point de vente. L’ensemble des moyens de paiement scripturaux connaissent en 2024 une croissance de 5,2 % en nombre d’opérations et de 3,4 % en montants échangés.
Croissance des paiements scripturaux
Le développement structurel des moyens de paiement scripturaux atteint 28,7 % en nombre d’opérations entre 2019 et 2024 et s’accompagne d’une stabilisation de la fraude, juste en dessous de 1,2 milliard d’euros, soit son niveau de 2019.
- La carte, qui est le principal moyen de paiement du quotidien en France, voit son taux de fraude se stabiliser à son plus bas niveau historique, pour la troisième année consécutive (53 euros de fraude pour 100 000 euros de paiements) avec en particulier la poursuite de l’amélioration du taux de fraude sur les paiements digitaux (mobile et e-commerce).
- Le virement, quant à lui, reste associé à un taux de fraude globalement très faible (un euro de fraude pour 100 000 euros de paiement en moyenne), en sachant que les usages du grand public restent structurellement plus exposés (43 euros pour 100 000 euros de paiements pour les virements émis depuis les espaces de banque en ligne) que ceux des entreprises et des administrations. Cependant les taux de fraude restent inférieurs à ceux de la carte, y compris pour les virements instantanés (46 euros pour 100 000 euros de paiement).
- Le chèque enregistre un recul de la fraude de plus de 25 % en montant, alors que son usage a diminué de 16 % en montant, ce qui réduit son taux de fraude à son plus bas niveau depuis 2021, à 69 euros pour 100 000 euros de paiement.
Maîtrise de la fraude mais nécessaire vigilance
Selon l’OSMP, cette situation « reflète une meilleure maîtrise des taux de fraude sur les canaux de paiement les plus utilisés ». L’organisation ajoute que cette situation est d’autant plus prometteuse qu’elle s’inscrit dans « un contexte général d’augmentation des menaces, avec l’internationalisation des réseaux criminels qui utilisent désormais des outils d’intelligence artificielle pour industrialiser et sophistiquer leurs attaques ». Il convient néanmoins de souligner qu’après deux années de progression très significative entre 2021 et 2023, la part de la fraude par manipulation s’est stabilisée en 2024 à 32 % du montant total de la fraude, soit 382 millions d’euros.
Poursuite de l’action de prévention de la fraude
Partant de ce constat, l’OSMP entend poursuivre son action de prévention de la fraude développée en 2024 selon quatre axes :
- Renforcement des actions de sécurisation, en particulier sur les paiements à distance les plus exposés à la fraude et le chèque ;
- Elargissement de la coopération trans-sectorielle, fortement engagée avec le secteur des télécoms et qui sera étendue aux autres acteurs du numérique (réseaux sociaux, messageries…)
- Poursuite de la veille sur l’impact des nouvelles technologies, consacrée en 2024 à l’intelligence artificielle, qui en souligne le potentiel et les conditions de succès pour lutter contre la fraude ;
- Nouvelle campagne de sensibilisation sur les bons réflexes à avoir, notamment face au développement de la fraude par manipulation.
L’OSMP ajoute qu’il restera « particulièrement attentif » à l’évolution de la fraude par manipulation, comme la fraude au « faux conseiller bancaire » ou au « faux service antifraude ». Il rappelle que treize recommandations ont été publiées en mai 2023* pour prévenir ces attaques et préciser le cadre réglementaire applicable en matière de remboursement. Le bilan de ces actions est « satisfaisant » selon l’OSMP, indiquant que les autorités « resteront toutefois attentives à la correction des non-conformités résiduelles relevées dans les modalités de traitement de certains établissements ».
Autre mesure : le déploiement, à partir d’octobre 2025, d’un service de vérification des coordonnées bancaires des bénéficiaires en application du règlement européen sur les virements instantanés, qui réduira les risques de substitution frauduleuse de numéro de compte ou de relevé d’identité bancaire.
Andréa Toucinho
Pour en savoir plus : OSMP-2024_VF.pdf
* Microsoft Word – OSMP – Recos remboursement – vfinale (corr).docx