Rapport de la BCE et l’ABE sur l’état de la fraude aux moyens de paiement en Europe

Sécurité des paiements : la valeur totale des opérations frauduleuses estimée à 4,3 Md€ en 2022 en Europe, selon l’ABE et la BCE

La Banque Centrale Européenne (BCE) et l’Autorité bancaire Européenne (ABE) ont publié, le 1er août 2024, un rapport conjoint sur la fraude aux moyens de paiement basé sur l’évaluation des données relatives déclarées chaque semestre par les prestataires de services de paiement de l’Espace Economique Européen (EEE).

Constat : la valeur totale des opérations frauduleuses (virements, prélèvements, paiements par carte, retraits d’espèces et transactions en monnaie électronique) s’élève, au sein de l’EEE, à 4,3 milliards d’euros en 2022, et 2 milliards d’euros au premier semestre 2023. Les instruments les plus exposés à la fraude sont les virements et paiements par carte, lesquels représentent la majorité des fraudes en volume. Ainsi, au premier semestre 2023, la fraude à la carte représente 0,031% de la valeur totale et 0,015% du nombre total de paiements par carte. Une situation similaire est observée pour les transactions en monnaie électronique (0,022% en valeur et 0,012% en volume).

De quoi confirmer l’importance de l’authentification forte, instaurée dans le cadre de la deuxième directive sur les services de paiement (DSP2). Le rapport indique en effet que les taux de fraude pour les paiements par carte sont dix fois plus élevés lorsque la contrepartie est établie en dehors de l’EEE, où la mise en œuvre de l’authentification forte ne constitue pas une obligation légale.

Le rapport fait également état de la répartition de la fraude par moyens de paiement, laissant apparaître des distinctions géographiques importantes – la fraude par instrument étant également liée aux spécificités des usages dans les pays -.

Parmi les principaux constats :

  • Malte et les Pays-Bas sont les deux Etats qui enregistrent le taux de fraude le plus élevé sur le virement, respectivement en valeur (0,006% pour Malte) et en volume (0,014% pour les Pays-Bas), alors même que l’Islande est l’Etat où le taux de fraude sur ce moyen de paiement est le moins élevé.
  • Du côté du prélèvement, le rapport souligne un taux de fraude assez bas dans la totalité des pays, à l’exception des Pays-Bas, Etat qui enregistre 1,2 million de transactions frauduleuses avec une valeur de 61 millions d’euros sur cet instrument. A contrario, le plus faible taux de fraude sur le prélèvement est relevé en Lituanie.
  • La France est l’Etat qui se distingue sur la fraude liée à la carte de paiement, avec un taux de 0,032% en volume, tandis que Chypre est l’Etat qui enregistre une fraude relativement faible sur cet instrument.
  • Concernant les retraits d’espèces, les taux de fraude les plus importants en volume sont enregistrés au Danemark (0,053%), aux Pays-Bas (0,047%) et en France (0,029%), tandis que les taux les plus faibles sont relevés en Islande ou encore en Roumanie.
  • Enfin, les transactions en monnaie électronique se distinguent par un taux de fraude en volume plus élevé en Italie et en Espagne, où le taux dépasse les 0,020%. La Slovaquie n’est pas en reste avec un taux de fraude en valeur qui est estimé à 0,12%.

 

Le rapport détaillé est consultable via le lien suivant : ecb.ebaecb202408.en.pdf (europa.eu)

 

Andréa Toucinho