EPI : quelle concrétisation ?
Doter l’Europe d’une infrastructure en matière de paiement n’est pas chose aisée. Les professionnels de l’écosystème, particulièrement ceux qui ont vécu les écueils du célèbre projet Monnet, lié à la carte, le savent. Néanmoins, le projet European Payments Initiative (EPI) semble vouloir honorer toutes les promesses. Ce hub de paiement, qui inclut non seulement la carte mais également le P2P sans oublier les outils nés du digital comme le wallet, s’inscrit dans une évolution sociétale marquée par le culte de l’instantanéité et le contexte crossborder, notamment partagé par les instances européennes souhaitant faire de l’instant payment le « new normal ».
De plus, il a non seulement vocation à répondre à une situation existante – à savoir l’absence d’une alternative européenne aux propositions des grands schemes internationaux – mais aussi à anticiper l’évolution sectorielle, qui sera inévitablement marquée par les offensives des big techs et les interrogations relatives à la protection des données. Dès lors, quelle concrétisation pour ce projet d’envergure ?
Le webinar du 1er février 2022, organisé en collaboration avec Mercatel, l’a démontré, toutes les parties prenantes de l’écosystème reconnaissent l’intérêt d’un projet comme EPI, qui matérialise l’évolution du sujet de la souveraineté européenne d’une problématique purement institutionnelle vers un enjeu résolument opérationnel. Pour de nombreux acteurs du retail, par exemple, EPI serait la représentation paroxysmique de l’interopérabilité européenne dont l’intérêt résiderait non seulement dans le volet crossborder mais également dans l’aspect économique à condition que les instruments créés reposent sur un modèle moins onéreux que les outils existants. Du côté des consommateurs finaux, l’appétence serait essentiellement basée sur la garantie de sécurité et de protection des données personnelles confirmant qu’EPI, au-delà d’une simple marque de paiement, aurait toutes les chances de devenir un véritable label européen gage de confiance dans un écosystème en mutation. De quoi confirmer que si la création d’EPI repose sur une initiative éminemment bancaire, sa concrétisation se fera difficilement sans l’intégration des différentes parties prenantes de l’écosystème, et en particulier les acteurs institutionnels qui ont également un rôle à jouer dans le soutien de cette initiative.
Andréa Toucinho