François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, l’a annoncé lors d’un séminaire dédié aux banques centrales organisé au Musée du Louvre à Paris le 27 septembre 2022, l’euro numérique, qui est désormais passé à une phase d’expérimentation, traverse actuellement une étape décisive en vue d’envisager un lancement d’ici à 2026/2027. A cet effet, la Banque Centrale Européenne (BCE) souhaite dépasser la seule approche théorique pour entreprendre de réels travaux terrain.
Et de fait, l’instance a annoncé, en septembre 2022, sa volonté de collaborer avec plusieurs entreprises pour tester sa première version du projet. Parmi les entités concernées, Worldline, European Payments Initiative (EPI), Caixabank, Nexi ou encore Amazon. De quoi confirmer qu’après une première étape démarrée en 2020 et consacrée à une phase d’étude, la BCE souhaite franchir un cap pragmatique dans la conception de cette innovation.
Plusieurs questions restent néanmoins en suspens, à commencer par le modèle économique, ou encore le rôle des banques commerciales dans ce projet. Car si l’Espagnole Caixabank fait partie des entités participant aux tests de la BCE, certaines banques demeurent relativement interrogatives sur ce projet qui n’émane pas, en réalité, d’un réel besoin terrain mais qui repose essentiellement sur une approche (géo)stratégique des banques centrales. Enfin, ne l’oublions pas, l’enjeu de l’information et la pédagogie. Acteurs de la demande, qu’ils soient retailers, corporates ou encore consommateurs finaux devront ainsi être accompagnés sur ce sujet qui vise avant tout à développer l’efficience des transactions cross border et à proposer une alternative régulée dans un contexte d’émergence de monnaies digitales privées. Gageons que la BCE et ses partenaires puissent, dans les prochaines années, traiter ces différents sujets centraux pour le succès de l’adoption de cette innovation.
Andréa Toucinho