Le salon Africa Pay ID Expo s’est déroulé les 26, 27 et 28 mai 2022 à Marrakech, au Maroc. Au programme : sessions e-gov et paiement qui ont permis de faire le point sur la transformation digitale au sein du continent africain.
« Créer l’Afrique digitale ». Tel a été le thème de la session inaugurale de l’Africa Pay ID Expo, organisée le 26 mai 2022 au matin à Marrakech, au Maroc. A cette occasion, les professionnels de l’écosystème africain se sont penchés sur l’état des lieux de la transformation digitale dans la région et ont identifié les principaux axes de réflexion à travailler dans les prochaines années.
Approche collaborative
Parmi les sujets évoqués, l’importance de l’évolution du positionnement des acteurs locaux, à commencer par les entités financières, qui ont un rôle déterminant à jouer dans le développement de l’adoption des nouveaux usages digitaux. Mais ce n’est pas tout. Acteurs connexes, comme les telcos, les entreprises, l’administration publique, sans oublier la fintech locale – en cours de structuration – ont également une place à prendre dans cette évolution sociétale. Car si la transformation digitale peut être avant tout perçue comme une mutation sectorielle, elle n’en reste pas moins, particulièrement en Afrique, un sujet à recontextualiser selon des spécificités régionales et, par conséquent, un enjeu sociétal avant tout.
Et de fait, comment analyser ces évolutions sans prendre en considération les réalités liées aux infrastructures locales, en termes d’accès à Internet par exemple ? Autre point central : la sous-bancarisation, atteignant des pics dans certains pays africains, imposant la construction d’un lien direct entre travaux sur la transformation digitale et problématiques « d’illectronisme ».
Réalités sociétales
Ces réalités, inhérentes à la région africaine, accentuent l’importance d’une collaboration dans cette transformation digitale des modes de consommation en Afrique. Ainsi, les réflexions à réaliser sur ce sujet ne doivent pas être le fruit d’une seule typologie d’acteurs mais bel et bien le résultat d’un travail collaboratif impliquant non seulement les entités financières mais également les acteurs de la régulation, l’administration publique, ainsi que les sociétés connexes.
A cela s’ajoute l’importance de la prise en compte des utilisateurs finaux dans ces mutations. Car si évolution technologique il y a, celle-ci ne pourra être fructueuse sans l’accompagnement et la pédagogie à l’égard des consommateurs africains. La session « biométrie et IoT au service du paiement », s’étant déroulée le 26 mai après-midi, l’a démontré : l’évolution vers des technologies avancées nécessite avant tout une prise en compte des besoins des consommateurs finaux. Sur ce point, si l’intérêt de la biométrie est avéré, notamment dans le domaine de la sécurisation des transactions, l’IoT semble en revanche un concept très lointain dans un écosystème où l’accès à Internet n’est pas encore homogène à l’échelle continentale.
Travailler sur la transformation digitale au sein du continent africain impose donc une prise en compte des réalités sociétales de cet écosystème fragmenté. Pour opérer une mutation pérenne, nul ne peut nier l’importance de la consolidation régionale sur les aspects de technologie et d’infrastructure. Un travail qui impliquera notamment l’évolution des travaux sur l’interopérabilité, problématique commune à différentes régions du monde dans un contexte de globalisation. A cela s’ajoutent les convergences directes entre transformation digitale et inclusion financière et numérique, en sachant que les acteurs de l’écosystème africain pourront notamment miser sur des politiques d’accompagnement des populations et des verticales porteuses pour assurer une évolution dans ce domaine : modèles alternatifs dans le domaine du paiement (misant notamment sur le téléphone), ou encore niches spécifiques comme la microfinance, qui tend à se développer sous l’impulsion des acteurs de la réglementation et du terrain.
Enfin, ne l’oublions pas, les passerelles entre l’Afrique et d’autres régions du monde auront également un rôle vertueux à jouer dans le développement des usages digitaux dans un continent tourné vers la globalisation.
Andréa Toucinho