Paiement : l’utopie d’un monde sans cash

ÉDITO MARS 2019

L’une des questions lancinantes de l’évolution du marché dus paiements a été posée lors d’une conférence organisée le 14 février 2019 par le Centre des Professions Financières « un monde sans cash ». Et pour cause, à l’heure où professionnels et institutions œuvrent à la dématérialisation des transactions, le paiement en espèces semble, au même titre que d’autres pratiques dites « traditionnelles » comme le chèque, voué à l’obsolescence. A cette tendance s’ajoutent les politiques sécuritaires mises en place dans le cadre de la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, aussi bien à l’échelle nationale qu’européenne, propices à renforcer un débat qui est né il y a un certain temps au sein du marché européen des paiements et qui a notamment rejailli lors de la célébration de la naissance de l’Euro et la disparition récente du billet de 500 euros : quel avenir pour le cash dans un monde qui tend à pousser la dématérialisation à son paroxysme ? D’aucuns diraient que la réponse à cette question, si elle est figée et établie du côté des institutions européennes, reste bien floue si on se focalise sur les considérations terrain.

En effet, compte tenu des usages observés sur le cash non seulement en Allemagne – célèbre pour son appétence pour les espèces – mais également dans certains pays du sud de l’Europe comme l’Italie ou du Portugal où des distributeurs sont toujours installés, respectivement, au sein des stations de métro et à l’intérieur de certains magasins, comme la Fnac en plein centre de Lisbonne, comment imaginer une disparition prochaine de cet instrument ? En effet, à l’image de la situation du chèque en France, il semble difficile de concevoir une disparition brutale des espèces sans outil de remplacement et sans acculturation des consommateurs à la nouvelle donne numérique. Longtemps analysé sous l’angle dichotomique traditionnel/moderne, le cash et les autres instruments de paiement ne doivent ainsi pas être opposés comme vecteurs de l’ancien et du nouveau monde mais plutôt comme des éléments complémentaires, constitutifs d’un secteur qui amorce de façon intelligible son renouveau pour anticiper les pratiques des futures générations. Car, ne l’oublions pas, si les espèces sont souvent montrées du doigt pour des raisons sécuritaires, les nouveaux moyens de paiement, si élaborés soient-ils, ne sont pas exempts de risques.

Andréa TOUCINHO

Pôle Études | Partelya Consulting

 

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